#BenbereVerif : faux, l’accident de ces soldats nigérians n’a aucun lien avec une possible intervention militaire de la CEDEAO au Niger
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#BenbereVerif : faux, l’accident de ces soldats nigérians n’a aucun lien avec une possible intervention militaire de la CEDEAO au Niger

Sur les réseaux sociaux au Mali, une vidéo virale laisse entendre qu’un premier contingent nigérian en route pour être déployé au Niger a été victime d’un accident de la route. Les images datent en réalité de juin, bien avant le coup d’État contre le président nigérien Mohamed Bazoum et la décision de la CEDEAO d’user de la force pour le rétablir dans ses fonctions.

Sur les images, on peut s’apercevoir de la gravité de la scène. Plusieurs porteurs d’uniforme sont allongés au sol, blessés. Au fond, on voit un véhicule militaire qui a été renversé. Un homme, torse nu, filme la scène pendant que d’autres hommes en treillis portent secours aux blessés. Sur Facebook, plusieurs publications (1, 2, 3) font croire qu’il s’agit d’un contingent nigérian qui se déployait pour participer à une éventuelle intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel après le coup de force contre le président Mohamed Bazoum.

« Un premier contingent envoyé par le Nigéria vers la frontière avec le Niger vient d’être bousillé par un accident de route. Regardez ! », se réjouit cet internaute.

Une patrouille de la Force multinationale mixte (FMM)

Nous avons tenté de voir d’abord sur Facebook si d’autres avaient repris ce contenu. Nous avons retrouvé le post de ce journaliste tchadien qui attire l’attention sur un premier détail. Sur le t-shirt d’un des hommes qui vient en secours à ceux qui sont étendus au sol, on peut lire le sigle « MNJTF », qui fait allusion à la Force multinationale mixte, une initiative des pays du lac Tchad pour unir leurs efforts et contrer la menace terroriste.

Nous avons poursuivi avec une recherche de mots clés « Multinational Joint Task Force involved in an accident » pour voir si des médias nigérians ont traité le sujet. Nous retrouvons un article du site The Guardian, datant du 22 juin 2023, un mois avant les évènements au Niger. Le journal indique qu’il s’agit d’un accident impliquant 30 soldats nigérians en patrouille dans l’État du Borno. Aucun d’eux n’a perdu la vie, précise The Guardian, en prenant le soin de mentionner sa source : un tweet de la Nigeria Television Authority (NTA).

Dans le tweet, on peut voir un camion militaire tracté par un autre engin. Les deux ont des traits communs avec celui qu’on voit sur les images de l’accident, encerclés en rouge dans les captures ci-dessous.

Contacté par mail, la Force multinationale conjointe n’a pas encore donné suite à notre sollicitation au moment de la rédaction de cet article.

Enfin, malgré l’intention ferme de la CEDEAO d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, aucune information officielle ne fait état d’un début de déploiement de sa force en attente. L’organisation sous-régionale privilégie d’ailleurs toujours le dialogue avec les militaires qui ont renversé Mohamed Bazoum. Vendredi, à l’issue de deux jours de réunion des chefs d’état-major des armées ouest-africaines à Accra, le commissaire aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité, Abdel-Fatau Musah, a déclaré que la CEDEOA était prête à renoncer à l’option militaire si les militaires optent pour la voie pacifique « pour rétablir très rapidement » l’ordre constitutionnel.

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