#BenbereVerif : l’armée française n’a pas tiré sur des soldats burkinabè lors du coup d’État contre Damiba
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#BenbereVerif : l’armée française n’a pas tiré sur des soldats burkinabè lors du coup d’État contre Damiba

Au Burkina Faso, les événements ayant conduit à la démission du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba sont accompagnés de multiples fausses informations. L’une d’entre elles prétend que l’armée française « aurait tué quatre militaires burkinabè » pour protéger Damiba. Les images utilisées pour illustrer la publication sont détournées de leur contexte.

« L’armée française aurait tué 4 soldats burkinabés dans l’unité Cobra. » C’est la légende qui accompagne 3 photos prétendant montrer cette tuerie présumée. La rumeur a d’abord été relayée par un activiste burkinabè du nom de Nestor Podasset. Elle s’est ensuite répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux ouest-africains. Plusieurs pages Facebook et compte Twitter ont repris cette rumeur 1; 2; 3; 4

Le photomontage qui accompagne l’information est constitué de la photo d’un soldat taguée « Rip » (« Rest in peace »), d’une autre montrant des militaires avec des armes et une dernière montrant ce qui semble être un incendie.

Benberverif a retrouvé l’origine de chacun des trois clichés.

1- Patrouille des forces françaises de l’opération Barkhane dans la zone d’Ansongo en 2015

Les résultats de la recherche inversée avec la première photo, où nous pouvons voir trois militaires en armes près de véhicules blindés, nous montre des militaires français au Mali. Il s’agit d’une photo de 2015 montrant des soldats français de l’opération Barkhane en patrouilles dans la zone d’Ansongo, dans le nord-est du Mali, dans la région de Gao. La photo a été prise par Fred Marie, on peut la retrouver sur ce site d’informations.

2- Militaire abattu par un boutiquier en 2017

Pour la deuxième photo, les résultats de la recherche inversée nous renvoient vers une ancienne publication datant du 30 août 2017. Le post parle plutôt d’une incompréhension entre « un gérant d’une boutique [bureau] de change de monnaie et un militaire » qui a été assassiné. L’incident tragique aurait eu lieu le 28 août 2017, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, près de la mairie de Bogodogo, comme l’indique ce site d’informations. L’existence de la photo sur internet remonte donc à au moins cinq ans.

3- L’attaque de l’ambassade de France à Ouagadougou

Cette photo, prise à Ouagadougou, est bien plus récente. Elle a été prise ce 1er octobre devant l’ambassade de France au Burkina Faso. On retrouve la photo dans beaucoup de publications des journalistes burkinabè qui ont assuré la couverture des événements ayant conduit à la destitution du chef de la junte militaire au pouvoir, le lieutenant-colonel Damiba. En marge de ces événements, plusieurs manifestants s’en sont pris à des installations françaises à Ouagadougou.

En somme, ces trois photos n’ont aucun lien avec des soldats burkinabè tués par l’armée française. Les militaires burkinabè n’ont pas aussi fait cas d’un tel incident et on ne trouve pas trace d’une telle information dans aucun média burkinabè ou international.

Officiellement, les nouvelles autorités du Burkina Faso n’ont fait mention de la moindre victime lors de ces événements. Cependant, dans une vidéo diffusée au lendemain de son renversement, le lieutenant-colonel Damiba a fait état de la mort de deux de ses compagnons d’armes, neuf autres blessés dans des actions menées contre « son périmètre défensif » par le capitaine Ibrahim Traoré, le nouvel homme fort du pays.

Ces fausses informations font le tour des réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter, à la suite du second coup d’État en huit mois au Burkina Faso. Aux premières heures des événements, les hommes du capitaine Traoré avaient laissé entendre que le lieutenant-colonel Damiba aurait trouvé refuge dans le camp de l’armée française. La France a démenti cette information à travers un communiqué. Le capitaine Ibrahim Traoré a ensuite reconnu que la France n’a pas pris partie, lors d’une interview sur France 24.

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