Les jeunes du quartier de Sourakabougou, sis à Sikoro, se battent depuis de longues années contre la vente d’un terrain de sport sur lequel les clubs de football du quartier ont l’habitude de s’entrainer.
Jeudi 11 juillet. Il est 16h30 lorsque l’équipe de Benbere arrive au terrain de Sikoro Sourakabougou dans le cadre de la campagne #LaissezNousJouer. Ce qui attire l’attention tout de suite, c’est le sens du partage dont font montre ces jeunes : malgré le nombre élevé de joueurs et l’étroitesse du terrain, il y a de la place pour tout le monde. « Ils sont plus d’une centaine, repartis en 6 équipes », nous fait savoir l’un des entraîneurs, Zoumana Konaté.
Le soleil, bien qu’ardent et poursuivant sa course dans un ciel pommelé, n’empêche en rien le mouvement effréné de ses joueurs courant derrière le ballon. Les jeunes joueurs de l’Association sportive Sisou (ASS), une équipe de troisième division, s’entraînent avec beaucoup de sérieux sous l’œil vigilant de leur entraîneur, Lamine Coulibaly.
La justice en arbitre
A Sikoro Sourakabougou, Boubacar Makalou, Secrétaire général de l’AS Sisou, fait partie de l’un des jeunes déterminés grâce auxquels le quartier a encore la chance de détenir un espace de jeu. D’emblée, il nous confie que « ce terrain est au cœur d’une affaire de justice actuellement, car une femme, du nom de Maciré Diané, veut coûte que coûte se l’accaparer ».
Il poursuit en expliquant qu’elle justifie son statut de propriétaire de l’espace par un document daté de l’année 1997 et signé par le gouverneur de l’époque (Lieutenant-Colonel Karamoko Niaré). « Ce qui prouve que le papier est faux, car à cette époque, les gouverneurs n’étaient pas habilités à signer les documents de titres fonciers, ajoute M. Makalou. C’est à partir de 2005 qu’ils ont commencé à le faire ».
Énième affaire de terrain de sport
Plusieurs personnes assez fortunées ont essayé d’acheter le terrain, mais se sont toujours heurtées à l’opposition des jeunes. M. Makalou me montre du doigt des constructions autour du terrain. « Voyez-vous ? Toutes ces maisons ont été bâties dans des parties du terrain. Il y a quelques années de cela, il faisait deux fois ce qu’il fait aujourd’hui », ajoute Boubacar Makalou.
Je suis du regard son doigt. Les nouveaux bâtiments se comptent par dizaines. J’imagine sa peine : « Ils veulent complètement l’absorber, mais nous ne nous laisserons pas faire », lance-t-il d’un ton rassuré.
L’équipe féminine de football du centre Zoumana Konaté est également présente. Siti Diarra a 13 ans. Elle qui joue sur ce terrain depuis plus de cinq ans en sait quelque chose, malgré son jeune âge. « Plusieurs fois, confie-t-elle, j’ai appris qu’ils vont nous chasser du terrain. Cela me fait très mal car je me demande bien où l’on pourra s’entraîner, si jamais cela arrivait ».
Un don du maire
Makalou et le coach Lamine Coulibaly expliquent que le terrain a été attribué aux jeunes de la localité depuis 1983 par le maire, à l’époque Salif Konaté. « Ce terrain, nous ne l’avons pas acquis illégalement. Il nous a été donné par le premier maire du quartier. Il se nomme Salif Konaté et il vit encore ».
Beaucoup, d’ailleurs, se seraient fait vendre l’espace par la mairie sans savoir que c’était un terrain de jeu. Même si certains savaient, ils avaient été rassurés que les enfants seraient interdits d’y jouer. Plusieurs parmi ceux qui se sont fait vendre cet espace par les autorités municipales ont eu la sagesse de renoncer. Selon M. Coulibaly, certains d’entre eux sont allés jusqu’à renoncer à leur argent.
« Il n’y a que Madame Maciré Diané qui ne lâche pas l’affaire, explique M. Makalou. Elle nous a dit ouvertement que ce terrain ne lui échappera que si l’argent n’a pas de pouvoir. Elle est déterminée, nous le sommes aussi et l’attendons de pied ferme ».
Gouba