La jeunesse de Mopti dispose de peu d’espaces sportifs. Pire, ceux qui existent sont menacés de disparition. Privée de son unique terrain de foot, une partie de la jeunesse du quartier Taïkiri s’est mobilisée.
Connue pour son étroitesse, entourée d’eau, la ville de Mopti a pris le surnom de la « Venise malienne », en allusion à la célèbre cité lacustre du nord de l’Italie. La ville manque cruellement d’espaces. Le peu d’espaces existant est convoité par les habitants pour la construction de logements ou de centres commerciaux. Par conséquent, la construction d’espaces sportifs est reléguée au second rang.
Le dimanche 21 juillet 2019, une partie de la jeunesse de Taïkiri, l’un des onze quartiers de la commune urbaine de Mopti, a décidé de mettre fin au morcellement de son unique terrain de sport. Les rues ont été bloquées, la circulation coupée. Les plus coléreux ont brûlé des pneus.
Situé, à la sortie nord de la ville, sur la route de Médina Coura (quartier), le terrain de football des jeunes de Taïkiri est contigu au parc animalier et fait face au plus grand cimetière de la ville.
Un champ de riz
C’est le début des chantiers qui a mis le feu aux poudres. Lorsque quelques propriétaires, de façon progressive, ont commencé à tracer, à apporter du sable et du gravier sur l’espace occupé, les jeunes se sont soulevés.
En grand nombre, des jeunes déchaînés ont démoli plusieurs maisons déjà construites sur le site. Ils ont arrêté également les chantiers en cours de construction. Selon le témoignage d’un habitant du quartier « Ce terrain était d’abord un champ de riz avant qu’il ne soit transformé en terrain. L’espace a été donné aux jeunes par le propriétaire du champ. Après plusieurs années d’utilisation, les occupants ont assisté impuissants, au morcellement de certaines parties de la parcelle sans pouvoir. C’est ce qui a conduit les jeunes à se révolter ainsi », confie Aliou Bocoum, un jeune du quartier.
Une jeunesse divisée
Amadou Naciré, membre du bureau de la jeunesse du quartier, s’oppose déjà à l’action des jeunes en colère : « Beaucoup de jeunes sont en train de se battre sans connaître réellement l’histoire de ce terrain. Lorsque la zone a été morcelée, nous avons décidé de laisser un hectare pour le terrain de sport des jeunes du quartier. La zone qui abrite le terrain actuellement faisait partie de notre champ de riz ».
La polémique autour de l’unique terrain du quartier de Taïkiri met à mal la cohésion au sein de la jeunesse du quartier. Une autre partie du bureau des jeunes, composée du vice-président et quelques membres, est totalement opposée au président et à ceux qui ont procédé au morcellement.
La mairie en arbitre
A la mairie de Mopti, c’est le deuxième adjoint au maire qui est chargé de la gestion de ce dossier. Kassim Guitteye, qui est aussi chargé du foncier à l’hôtel de ville, est intervenu auprès des jeunes en colère afin de trouver une issue. « Les jeunes nous ont demandé de délimiter leur terrain. Toute chose que la mairie ne peut pas faire. Seuls les services de l’urbanisme peuvent faire la délimitation. Nous sommes à pied d’œuvre pour que les services compétents puissent faire le nécessaire afin que les jeunes commencent à jouer à nouveau sur leur terrain ».
L’intervention de la mairie semble porter ses fruits, car les jeunes observent une pause en attendant la réaction des structures chargées de la délimitation du terrain.
Face au manque criard d’installations sportives, la mairie a déjà des projets pour offrir plus d’espaces aux jeunes, selon Kassim Guittèye. Au niveau du conseil communal des jeunes, le président Modibo Traore propose, pour sa part, « de cotiser pour débuter les travaux après la délimitation du terrain ».