La pratique du sport implique la disponibilité d’une population surtout jeune mais également de terrains qui constituent des espaces de construction citoyenne selon Ousmane Soumbounou, blogueur.
Ce vendredi soir, comme chaque semaine, c’est le même spectacle. Jeunes du quartier de Bougouba (zone industrielle et Sotuba), ouvriers, commerçants, fonctionnaires : tous se rencontrent pour une partie de foot. Plus de 90 minutes après, c’est le coup de sifflet final avec un score de 8 buts contre 3. L’autre camp, vaincu, veut continuer à jouer afin d’égaliser mais il faut arrêter, car d’autres jeunes attendent pour occuper le terrain et le crépuscule n’est pas loin.
Mahmoud Diaby, un jeune du quartier qui ne rate jamais ce rendez-vous, se plaint du peu d’espace dont dispose les jeunes du quartier pour s’entrainer : «Compte tenu de notre occupation, nous n’avons que le week-end pour nous mettre en forme, mais nous sommes trop nombreux pour ce seul terrain. Dieu seul sait ce que le sport me procure comme énergie au cours du reste de la semaine ».
Cette réalité est propre à beaucoup de localités. Partout, sur les terrains de sport, ce sont des jeunes qui se regroupent comme des abeilles autour de leur nid. Au Mali, le besoin de terrains est encore plus grand, surtout que la population est à majorité jeune.
Dans son livre intitulé Jeunesse africaine, le grand défi à relever, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, nous apprend que 70% de la population du Mali a moins de 35 ans. L’un des moyens d’aider cette jeunesse nombreuse à s’épanouir est de mettre à sa disposition des terrains de sport, à mon avis.
Le Mali, mieux loti
Certains spécialistes du sport pensent cependant que le Mali est l’un des pays les mieux lotis en Afrique subsaharienne. Le journaliste sportif Ousmane Dao de l’ORTM, à cet effet, a déclaré que le Mali n’a pas à se plaindre en matière de terrains, comparé aux autres pays d’Afrique.
Exceptés l’Afrique du Sud et les pays du Maghreb, les jeunes disposent de beaucoup d’espaces de jeu selon lui : « Les terrains de jeu, qu’ils soient règlementés ou pas, existent un peu partout au Mali. Aussi, chaque commune à Bamako dispose d’un terrain aménagé ». Il ajoute qu’au Cameroun, non seulement les terrains ne sont pas aussi nombreux, mais les clubs ne possèdent pas non plus de terrains aménagés comme au Mali.
Booster la vie
Le sport est pourtant un langage universel qui peut contribuer à combler les clivages et promouvoir les valeurs fondamentales nécessaires à une paix durable. Construire un terrain de sport pour une collectivité revient à y booster la vie. D’abord, parce que cela donne la possibilité d’avoir un espace de rencontre, de jeu autour duquel les plus jeunes et les moins jeunes peuvent se retrouver.
Un terrain de sport et ses alentours permettent à tout un chacun de venir relâcher un peu de pression et se détendre entre amis. C’est un espace de détente et de convivialité pour tout le monde. Ça permet aussi de diminuer les risques d’isolement et de radicalisation des jeunes.
Tout le monde en profite et cela permet de resserrer les liens. Sur le terrain de sport, les différences culturelles et les priorités s’évanouissent. Le journaliste Ousmane Dao pense d’ailleurs que les terrains de sport n’ont que des impacts positifs sur les jeunes : « Ils les occupent et les empêchent de se tourner vers des activités malsaines comme le banditisme et la consommation des excitants. Mais, les terrains sont encore plus utiles lorsqu’ils sont règlementés. »