#MaTransition : libérer le potentiel des femmes par une gouvernance inclusive
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#MaTransition : libérer le potentiel des femmes par une gouvernance inclusive

English version ici. La participation des femmes est importante pour que la transition puisse marcher. Si nous voulons un Mali différent, nous devons commencer dès maintenant avec un système de gouvernance inclusive, qui libère le potentiel des femmes.

Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) semble être une lueur d’espoir que les Maliens attendaient depuis des années. Ils retiennent leur souffle en attendant la mise en place de la transition.

Quelle que soit l’issue, les femmes ne devraient pas être écartées du processus. Nous pensons que c’est une chance pour les femmes d’être représentées et d’avoir leur mot à dire sur le destin du pays. Ce sera dommage, et davantage une énorme erreur et un acte honteux si le CNSP ou quiconque dirigera le pays échoue ou néglige d’inclure les femmes dans les différents processus décisionnels ou les empêche d’occuper des postes de décision.

Phallocratie et patriarcat

La principale raison pour laquelle les femmes devraient être impliquées tient au fait qu’elles sont des maliennes au même titre que les hommes et autant aptes à diriger qu’eux. Elles devraient donc jouir des mêmes droits pour gouverner. Il est important de le rappeler, car tout le monde, y compris les défenseurs des droits de la femme, justifient l’inclusion des femmes en ces termes : « Les femmes sont des mères. Elles sont les mères des dirigeants, des terroristes et elles sont écoutées en raison de ce rôle social». C’est dangereux, car cela s’inscrit dans la construction sociale du rôle maternel des femmes et néglige celles qui ne sont pas mères.

Nous ne devrions pas nous concentrer sur le rôle maternel, d’autant que ce n’est pas le rôle paternel des hommes qui leur permet de diriger, de prendre des décisions et de détenir le pouvoir, mais plutôt les privilèges que leur confèrent le patriarcat et la phallocratie. Nous devons donc faire en sorte que les femmes aient les mêmes privilèges et participent à la gestion du pays.

Poids des normes sociales

L’autre raison pour laquelle nous devrions veiller à ce que les femmes soient présentes et participent pleinement à la gouvernance de la transition, c’est que lorsque vous n’êtes pas là, votre point de vue ne sera pas pris en compte. En fait, les femmes ont un point de vue unique qu’un homme, quelles que soient son expérience et son expertise, ne saurait comprendre. Les normes sociales et de genre sont des obstacles à l’émancipation politique des femmes.

Ainsi, les femmes sont-elles les seules à pouvoir parler pour elles-mêmes et garantir que l’égalité et d’autres questions comme la violence basée sur le genre, auxquelles elles sont confrontées, fassent partie des priorités de la transition et au-delà. Leur participation peut apporter un changement et rapprocher le Mali de la réalisation de l’égalité et de la justice sociale.

Autant l’inclusion des femmes est importante, le choix de celles qui doivent être impliquées l’est également. C’est pourquoi, lorsque je plaide en faveur de l’inclusion des femmes, je ne parle pas seulement des élites – elles ont leur rôle à jouer – mais que toutes les femmes maliennes soient représentées. Ainsi, la jeune génération avec le potentiel que nous avons et l’expérience unique acquise en raison de l’insécurité, des conflits, de la montée de la violence basée sur le genre (VBG)- y compris les féminicides-, des nouvelles technologies et des possibilités d’éducation, devrait être valorisée et employée dans la construction d’une nation plus forte. Et ce, dès cette phase de transition.

Aborder les problèmes différemment

Les femmes des zones rurales constituent un autre groupe dont la voix devrait être entendue. Qui, mieux que ces femmes, connaît les conséquences terribles du manque de soins de santé de qualité, de la mortalité maternelle et infantile, du manque d’eau potable et surtout de l’absence de possibilités d’émancipation économique ?

C’est une grande opportunité pour faire entendre la voix des femmes dans le cadre du processus de paix, étant donné que même l’accord pour la paix issu du processus d’Alger n’implique pas fortement les femmes, alors qu’elles paient le prix fort, en tant que veuves, mères et sœurs. Certaines d’entre elles sont aujourd’hui des réfugiées qui ont fui les violences au Nord et Centre du pays. Ces deux catégories de femmes touchées par le conflit devraient être représentées.

C’est une occasion unique de faire entendre leur voix et de veiller à ce que des mesures soient prises pour soulager leur souffrance et leur perte. Nous pouvons notamment tirer des enseignements de leur participation et aborder les questions liées au conflit, à la justice et à la réconciliation. Si nous voulons un Mali différent, nous devons commencer dès maintenant avec un système de gouvernance inclusif.

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