Depuis 2018, la région de Kayes est secouée par une crise liée à la pratique de l’esclavage par ascendance. Persécutions, agressions, humiliations sont le lot des personnes qui refusent d’assumer ce statut dans la première région administrative du Mali.
La pratique de l’esclavage par ascendance connaît une proportion inquiétante ces dernières années dans la région de Kayes. Elle a cours dans plusieurs villages des cercles de Kayes, Diéma, Nioro du Sahel, Yelimané et Kita, et constitue une menace pour la cohésion sociale au sein des communautés de la région.
Les victimes de l’esclavage par ascendance dénoncent une atteinte à leur intégrité physique et à leur dignité tandis que, pour ses défenseurs, la pratique constitue un pan de l’organisation sociale.
Violences verbale et physique
Les personnes considérées comme descendants d’esclaves sont quotidiennement victimes de violences verbale et physique de la part des horons « nobles ». C’était le cas à Nioro du Sahel, le dimanche 7 juin 2020. « Cheickne Sangaré a été violemment tabassé par ceux qui se disent horons. Il se trouve actuellement en soin à l’hôpital de Nioro du Sahel. Son tort, c’est d’avoir refusé son statut d’esclave et de dénoncer publiquement l’esclavage par ascendance», explique Sékou Oumar Yara, président du Rassemblement malien pour la fraternité et le progrès (RMFP). Un cas loin d’être isolé. Les maisons des militants anti-esclavagistes sont incendiées ainsi que leur bétail, comme ce fut le cas dans le village de Lany Tounka, en avril 2020.
Des milliers d’individus ont été contraints de quitter leur village pour se mettre à l’abri des persécutions, laissant tout derrière eux, comme les 2000 déplacés de Mambrid dans le cercle de Kita. Les personnes ayant le statut de descendants esclaves, qui restent dans leur village et refusent de l’assumer, sont exclus des affaires courantes du village. Elles sont même parfois interdites d’achat dans les boutiques de proximité et dans les marchés d’approvisionnement.
Une épine dans les pieds des autorités
La question de l’esclavage par ascendance dans la première région administrative du Mali reste un sujet difficile à aborder. Les pouvoirs publics peinent à trouver l’équilibre dans ce conflit social devenu, au fil des ans, une épine dans leurs pieds. Lors de sa prise de fonction, l’actuel chef de l’exécutif régional, Mahamadou Zoumana Sidibé, avait promis de s’impliquer pour la résolution du conflit. Mais, les lignes tardent à bouger malgré l’annonce d’un forum régional sur l’esclavage par ascendance dans la région. Selon un membre de l’administration locale, qui a préféré garder l’anonymat, il y a trop de zones d’ombre dans la question de l’esclavage par ascendance. « Mon analyse personnelle est que ce sont des personnes tapies dans l’ombre qui tirent les ficelles de cette histoire, c’est pourquoi le sujet est toujours pendant », estime-t-il.
Créer une synergie
En dehors de l’administration publique, les autorités politiques et sociales de la région de Kayes s’intéressent peu à la question de l’esclavage par ascendance. Sans doute, parce que le sujet reste très sensible. Jusque-là, les différentes approches adoptées pour lutter contre l’esclavage par ascendance n’ont pas donné les résultats escomptés.
Pour mettre définitivement fin à cette pratique, il urge de mettre tout le monde à contribution. Les pouvoirs publics doivent faire respecter la dignité et l’égalité de tous les citoyens. Les organisations de la société civiles doivent créer une synergie afin de mieux sensibiliser sur les méfaits de l’esclavage par ascendance.
C’est qui va ébranler notre vivre-ensemble, c’est bien cette attitude à vouloir imposer cette lutte aux communautés qui vivaient en paix. En plus dans cette histoire il ya trop de mensonges, c’est pourquoi nos autorités doivent énormement faire attention. Car vouloir faire plaisir aux organisations de défense des droits de l’homme et enflamer la région de Kayes(la seule qui est apaisée).
Régler ce phénomène par le tout juridique est une mauvaise approche !
Á bon entendeur, wa salam