Situation du paludisme au Mali, résistance aux moustiquaires imprégnées, l’impact de la Covid-19 sur la prise en charge des cas de paludisme… Dr Idrissa Cissé, Directeur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), explique pourquoi « il est inacceptable », selon lui, « de voir quelqu’un mourir du paludisme aujourd’hui ».
Le Mali célèbre la semaine nationale de lutte contre le paludisme, couplée à la 14e édition de la journée mondiale de lutte contre la maladie, sous le thème « Zéro palu-tirer un trait sur la maladie ».
Le pays envisage d’éliminer la pathologie d’ici 2030. Mais d’énormes défis demeurent, notamment la mobilisation de ressources financières. Etat des lieux de la croisade contre la malaria avec Dr Idrissa Cissé, le directeur du Programme national de lutte contre le paludisme au Mali (PNLP), qui a bien voulu répondre aux questions de Benbere.
Benbere : Quelle est aujourd’hui la situation du paludisme au Mali ?
Dr Idrissa Cissé : Beaucoup d’activités sont en cours en termes de prévention et de prise en charge du paludisme. Je profite de l’occasion pour remercier les partenaires qui nous accompagnent dans cette lutte. Nous sommes sur une bonne lancée. Pas plus tard que deux semaines, une bonne nouvelle a été annoncée du côté de la recherche vaccinale. Des essais très promoteurs sont en cours et attendent d’être homologués par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Si cela se réalise, ça va nous mettre dans la dynamique d’élimination de la maladie d’ici 2030.
Quid de la résistance aux moustiquaires imprégnées d’insecticides ?
En réalité, il n’y a pas de résistance avérée, mais nous avons pris les devants. Là où il y a eu quelques résistances, notamment dans la région de Sikasso, des moustiquaires de 2e génération ont été utilisées au cours de la campagne de prévention du paludisme saisonnier de l’année dernière. Aussi, avons-nous une unité de recherche reconnue sur le plan mondial, le Malaria Research and Training Center (MRTC), qui a les capacités de pouvoir tester les produits qui sont utilisés sur les moustiquaires. Pour l’instant, nous utilisons les moustiquaires classiques, soutenues par de la recherche.
Et le pic observé dans le nord du pays l’été dernier ?
Effectivement, nous avons noté quelques cas de paludisme dans certaines localités de la région de Tombouctou notamment. Cela pouvait s’expliquer. Nous sommes dans un contexte de Covid-19. Les frontières étaient fermées, les usines qui produisent les médicaments arrêtés, tout comme le transport. Pratiquement tout était à l’arrêt.
A chaque période hivernale, nous faisons la CPS(chimioprévention du paludisme saisonnier) pour protéger les enfants. Dans certaines régions, nous avons eu des difficultés à servir les médicaments à cause de l’insécurité. C’est ce qui explique la flambée de cas de paludisme. Nous avons rapidement pris les dispositions pour acheminer les intrants et contrôler la situation.
Quel est l’impact de la Covid-19 sur la prise en charge des cas de paludisme ?
La Covid-19 a eu un impact de façon globale sur nos services de santé. Elle a freiné l’élan de nos usagers à aller pour des prestations de services. Les usagers avaient fui les services de santé. Il a fallu une communication pointue pour ramener la quiétude.
Cependant, le programme de lutte contre le paludisme n’était pas arrêté. Nous avons renforcé nos dispositifs pour maintenir les activités. Nous avons acheminé des tests de dépistage du paludisme au niveau des centres de prise en charge de la Covid-19, pour traiter convenablement les éventuels cas. Un patient peut faire un palu et avoir la Covid-19 en même temps, c’est ce qu’on appelle la « comorbidité ».
Quelles sont les perspectives pour l’élimination de la maladie à l’horizon 2030?
Ce qu’il faut reconnaitre, c’est que nous pouvons traiter le paludisme. Il est aujourd’hui inacceptable de voir quelqu’un mourir du paludisme, parce que toutes les conditions sont réunies pour éviter cela. Mais comme j’aime à le dire, le paludisme n’est pas seulement une affaire de santé. Nous devons changer de comportement, assainir notre environnement, parce que les vecteurs du paludisme prospèrent dans un environnement malsain.
Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir beaucoup de partenaires, même si ce qui est mobilisé reste en dessous des atteintes. Nous devons faire des innovations pour mobiliser des ressources locales, impliquer le secteur privé, les leaders religieux pour changer la donne.
Je m’appelle 🧕Sokona, je réside à Mopti, au quartier Toguel. Je suis mère de trois enfants. J’ai perdu mon 1er 🧍enfant…
Publiée par Benbere sur Jeudi 29 avril 2021