La fermeture des établissements scolaires et universitaires pour cause de pandémie de Covid-19 a touché les étudiantes et stagiaires en sciences de la santé. Le personnel sanitaire féminin, en formation, a aussi vu son accès aux structures de santé réduit. Cette situation a mis à mal son apprentissage pratique.
La fermeture des écoles a eu un impact énorme sur la vie des étudiantes en sciences de la santé. Mais, ce qui est encore plus préoccupant, c’est l’arrêt des stages pour bon nombre d’entre elles. Ces stages leur permettaient de façonner leur carrière avec l’aide de professionnels qualifiés. C’était une opportunité également pour les étudiantes stagiaires de côtoyer les patients, cultiver la compassion et l’empathie à l’égard de ces derniers.
Malheureusement, pour protéger les étudiantes et mettre leurs familles à l’abri, les écoles et les hôpitaux ont dû prendre la décision d’arrêter ou de réduire les stages. « L’arrêt affecte leur formation, surtout pour le niveau licence où les étudiantes ont plus de stage que de cours, notamment les sages-femmes en formation », explique Fatoumata Traore, spécialiste en santé sexuelle et reproductive à l’Institut national de formation en sciences de la santé.
« Ma famille a fini par m’appeler “Corona-bain“ »
La crise sanitaire, en plus de porter un coup dur à la formation dans les établissements sanitaires, a détérioré les rapports avec les patients et usagers des structures de santé. « Avant la pandémie, on était très proches des patients. Mais les mesures barrières instaurées par le gouvernement ont creusé un fossé considérable entre nous », confie Aissata Diarra, étudiante.
L’impact ne se limite pas à la détérioration des relations avec les patients. Cette maladie a affecté leur vie personnelle. Le cas d’Oumou Diallo est assez illustratif : « J’ai toujours utilisé les transports en commun, mais j’ai dû arrêter. Je suis devenue paranoïaque, je me lave tellement les mains que ma famille a fini par m’appeler “corona-bain“. »
Quant à Fatoumata Traoré, sa vie de mère a radicalement changé. Elle a peur de contracter la maladie mais surtout de contaminer sa famille. Elle confie être constamment stressée : « J’ai peur de choper le virus dans le centre où je fais mon stage et de le ramener en famille. À la maison, il faut surveiller les enfants pour qu’ils respectent les mesures barrières »
Déni de la maladie
Malgré tout ce qu’elles doivent affronter au quotidien, la vie des étudiantes et des professionnelles de la santé est devenue difficile à cause du comportement des citoyens, toujours dans le déni de la maladie. « Les gens n’y croient pas. Ils ne portent pas de masque, ni ne se lavent les mains. Je m’inquiète pour moi et ma famille quand je sors pour le stage », s’alarme Diarra Traoré, étudiante en licence à l’Institut national de formation en sciences de la santé.
Sa collègue Aissata Diarra ajoute qu’en plus des efforts qu’elles font pour se maintenir en bonne santé, elles sont confrontées à des critiques et à des commentaires négatifs. Ce qui est loin de faciliter le quotidien de ces apprenantes, déjà bouleversé par la pandémie de coronavirus qui pourrait laisser un impact durable sur les services de santé au Mali particulièrement dans la prise en charge des femmes.