Le mariage occupe une place prépondérante chez les nomades bérabiche maliens. Ce pacte social est l’ossature des échanges communautaires et de survie. Ce premier texte en explique les modalités.
Le mariage imposé constitue aussi un moyen de contrôler la sexualité des femmes en milieu nomade, notamment dans la région de Tombouctou. Certains voient dans le mariage à bas âge une protection pour les filles contre le risque de fréquentations amoureuses, et surtout contre le risque de relations sexuelles hors mariage, qui est un sujet tabou en milieu nomade. Cela vaut pour les nomades bérabiches du nord du Mali, comme chez toutes les musulmanes en général. Les parents ne sollicitent pas l’avis de leurs enfants. Ali, natif de la région, insiste : « Le mariage en milieu nomade des jeunes filles en bas âge n’a jamais posé un problème. Les parents sont très heureux de donner leur fille en mariage en bas âge. ».
Les femmes grasses sont les plus recherchées, et sont celles considérées comme de véritables beautés. D’autres cannons de beauté chez ces nomades sont les cheveux longs, le teint brun, le nez aquilin ou encore les yeux grands.
Des conditions et des demandes
L’abstinence avant le mariage ou l’interdiction de l’adultère sont attendues avec le mariage précoce. Chez les nomades, en général, les hommes doivent remplir plusieurs conditions pour pouvoir se marier. Ils doivent posséder un revenu stable à travers leur activité. Il peut être un berger, ou caravanier, ou encore commerçant dans son campement. Pour convaincre de son capital financier, il peut tenter de rassembler auprès de parents et amis une somme lui permettant de se marier.
Chez les Bérabiches, il est conféré un grand respect au mariage islamique : l’islam et son code complet et rigoureux, touchant tous les aspects de la vie conjugale. Il est admis que le mariage bien réussi représente un paradis terrestre ou règnent le bonheur, la tranquillité, le respect de la personne et de son honneur et sa dignité. Mais le mariage non réussi est un enfer terrestre où l’homme subit les tortures morales et l’instabilité sociale, en plus de la perte de sa personnalité, de son honneur et de sa dignité.
Accord de principe de la fille
En premier lieu dans les étapes menant au mariage, il faut s’assurer que l’on a un accord de principe de la fille à marier. Dans beaucoup de cas, l’homme délègue à une ou plusieurs personnes âgées la tâche de « demander la main de la jeune fille ». On trouvera souvent de nombreux jeunes hommes n’ayant jamais vu la jeune fille convoitée, et même n’avoir jamais entendu parler d’elle sauf par des parents et amis. Le plus souvent, on envoie un oncle, un grand-père pour nouer les fiançailles. Cette cérémonie est ornée de discussions entre les camps de l’homme et de la fille, afin d’aboutir à un accord quant à la dot.
En général, la dot est fixée en nature (des animaux comme les chameaux ou les bœufs). À la différence de cette manière de faire des nomades, chez les nomades semi-sédentaires, la dot est fixée en espèce (maisons, véhicules, ou argent), selon la fortune du jeune homme et de ses parents.
La cérémonie de partage de la dot entre les différents membres de la famille de la jeune fille est « officiée » par un imam ou une personne instruite en islam. L’homme voulant se marier, après avoir envoyé ses proches, aux parents de la fille pour demander sa main, doit patienter des jours et des jours voire des mois, afin d’avoir la réponse le satisfaisant. Après cette étape, une date est retenue pour célébrer le mariage. C’est après cela que la mariée rejoint le domicile de son mari.