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Boubèye Maïga : une démission, et de nombreuses questions

Le blogueur Mohamed Coulibaly livre ses impressions sur la démission du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, qui a coupé l’herbe sous le pied des députés ayant déposé une motion de censure contre lui, qui devait être votée aujourd’hui à l’Assemblée nationale.

Soumeylou Boubèye Maïga a démissionné, c’est l’info à la Une. Il n’aura pas attendu que les députés se prononcent sur la motion de censure introduite pour l’abattre, lui et son gouvernement, par des députés de l’opposition et de la majorité présidentielle. Ces derniers mois, ont certainement été les plus durs de sa carrière politique où il a dû affronter les tirs de barrage de l’opposition, de la majorité présidentielle ainsi que de certaines figures religieuses, qui réclamaient sa tête.

L’homme n’est pas parfait. Mais je pense qu’il a essayé d’incarner, maladroitement, la posture d’homme d’État. Le paysage politique malien, aujourd’hui, fait craindre avec des ramifications et arrangements entre des acteurs qui sont de nature à affaiblir l’État au moment même où celui-ci a besoin d’un minimum de force.

Deux séries de questions peuvent être mises en avant. Qui voulait le départ du PM ? L’opposition, ou les religieux ? Et surtout, pour quelle raison ? Affaire de l’éducation sexuelle complète, querelles personnelles avec l’imam Mahmoud Dicko, violences et massacres dans le Centre : les raisons ne manquent pas. L’opposition a-t-elle poussé pour son départ pour faire chuter le régime ? Une fois avoir répondu à ces interrogations, une autre série de questions demeure, plus complexes encore. À qui profite la démission ? Aux religieux ? À l’opposition ? Cela contribuera-t-il à résoudre le problème au Mali ? Non, certainement pas.

« Soudanisation »

Il reste que cette instabilité, qu’on semble prendre à la légère, risque de nous conduire inexorablement vers le chaos. Cela me rappelle 2012 où, au moment où nous devions faire bloc pour faire face à l’ennemi qui avait fait découvrir son front tant « au-dedans » qu’ « au dehors ». Nous avons alors fait le choix de la division. Résultat : un coup d’Etat et tout s’est effondré. Aujourd’hui, ce qui nous guette, c’est la « soudanisation » (division du Soudan en deux) du Mali. On pense, à tort, que les velléité sécessionnistes des ex-mouvements rebelles et leurs soutiens se sont éteintes. Il n’en est rien.

La situation va se pourrir davantage, les communautés qui ne se sentaient pas concernées par l’Azawad, seront de plus en plus frustrées. Et il se pourrait que leur salut vienne de la division du pays en deux États.

Enfin, les gens, aujourd’hui au Mali, ont malheureusement défini deux camps où il faut forcément être : ça manque d’objectivité et des opposants déguisés en activistes sont prêts à vilipender à tort et à travers. Cela vaut aussi pour la majorité présidentielle. Le Malien est son propre fagot, qui sert à attiser le feu qu’il a lui-même embrasé.

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