Retour à l’ordre constitutionnel : un sujet qui divise la classe politique
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Retour à l’ordre constitutionnel : un sujet qui divise la classe politique

Le retour à l’ordre constitutionnel, après l’élection présidentielle qui a connu un « léger report », agite la classe politique, donnant lieu à des prises de position.  

Le 29 novembre 2023, face à la presse, l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali invitait les autorités de transition « à communiquer sur la date de l’élection présidentielle devant consacrer le retour à l’ordre constitutionnel au Mali ». En réaction, sur le réseau social X, l’activiste suisse Nathalie Yamb a suggéré aux autorités maliennes de transition de « réquisitionner » M. Sangho « sans tarder, ainsi que deux responsables de chacune des OSC concernées, et de tous les envoyer au front, comme le capitaine Traoré sait si bien le faire au Burkina ».

Le 20 décembre, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a informé le Conseil des ministres de la dissolution de l’Observatoire. Les griefs contre l’association officiellement tournent, entre autres, autour des sources de financement inconnues des autorités, les rapports d’activités jamais déposés et les « déclarations de nature à troubler l’ordre public [de son président], y compris ses pronostics sur le taux de participation au referendum de juin 2023, en violation des prérogatives de l’Autorité indépendante de gestion des élections ».

Fin septembre, les autorités maliennes avaient déjà annoncé « un léger report pour des raisons techniques » de l’élection présidentielle censée avoir lieu en février 2024. Le communiqué n’a pas manqué de rappeler la « détermination » du colonel Assimi Goïta d’ « effectuer un retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé, après des réformes politiques et institutionnelles prioritaires ».

« Une longue attente »

Reste que la décision est diversement appréciée au sein des acteurs politiques maliens. « L’URD, dès le départ, s’est engagé à soutenir la transition et a soutenu le gouvernement à faire ‘’un léger report technique’’ compte tenu des arguments avancés », affirme le vice-président de l’Union pour la démocratie et la République (URD), Racine Thiam. Pour lui, la réussite de la transition dépend de deux choses : un toilettage institutionnel (une nouvelle Constitution est en vigueur et d’autres textes ont été revus) et la sécurisation du territoire qui est en bonne voie.

Au siège du parti Espoir pour la démocratie et la république (EDR), son président Salikou Sanogo échange avec d’autres collaborateurs dans la salle d’attente. « Nous soutenons les autorités de la transition pour plusieurs raisons », assure-t-il. D’abord, explique-t-il, elles se sont inscrites dans le cadre des réformes pour la refondation de l’État malien depuis 1968. Ensuite, après la crise électorale de 2018, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a fait des recommandations : les réformes politiques avant d’engager d’autres élections.

Pour Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti Yelema, les autorités ont décidé de fixer un premier délai de 18 mois à la transition. Ensuite, un autre de 24 mois – « sans contrainte » glisse-t-il – en analysant tous les facteurs. A la fin de ces 24 mois, « sans concertation, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale a annoncé un léger report ». Depuis, regrette-t-il, « nous sommes dans une longue attente de la date des élections ». « Aujourd’hui, on a aucune visibilité, aucune lisibilité sur le calendrier électoral. Il n’y a aucune concertation et aucune date n’a été donnée », renchérit-il.

A Fare Anka Wili, membre du M5-RFP Mali Kura, l’accent est mis sur le respect du chronogramme. Le secrétaire général, Bréhima Sidibé, rappelle que les autorités de la transition « se sont engagées devant le peuple malien et la communauté internationale pour un retour à l’ordre constitutionnel ». Fare Anka Wili se retrouve parfaitement dans la « Déclaration relative au cadre de partenariat pour un renouveau politique », du 4 décembre 2023 du M5 RFP Mali Kura et Yelema, poursuit Bréhima Sidibé. « On veut l’organisation des élections présidentielles et législatives dans le délai imparti. »

Concertations et courtoisie républicaine

« La lecture des événements au Mali ne rassure pas par rapport à la fin de la transition qui peut intervenir en 2024 », estime Boubacar Touré, dit « Bou », 5e vice-président du Rassemblement pour le Mali (RPM). Pour lui, déjà le budget a été sans prévoir de poste de dépense pour les élections. Hamidou Doumbia estime qu’il faut davantage de concertations et de la courtoisie républicaine. « C’est regrettable et on espère que l’on puisse revenir aux fondamentaux », conclut-il.

Pour Boubacar Touré, les partis sont restés dans l’hibernation depuis le début de la transition. Il est temps, selon lui, qu’ils « se réveillent, mettent les egos de côté pour faire face à l’avenir du Mali ». Et d’ajouter : « Une longue transition n’a jamais servi la transition. Plus elle dure, plus elle est exposée à des fautes et défaillances. »

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