Les femmes handicapées sont peu visibles sur la scène politique : moins accès à l’espace politique pour gagner du potentiel, s’affirmer et se faire connaître. Il convient de les mettre en lumière à travers un répertoire, en promouvant leurs compétences pour qu’elles soient connues et appelées à apporter leur expertise sur la scène publique.
Le Mali, à l’instar de nombreux pays dans le continent, est confronté à des défis majeurs en matière d’inclusion des personnes handicapées. Et les femmes handicapées sont particulièrement touchées par ces problématiques. Elles doivent surmonter, comme toutes les autres femmes, les obstacles sur fond de préjugés jugeant leur capacité à exercer et occuper au même titre que les hommes, les mêmes postes et responsabilités. En plus, les femmes en situation de handicap font face à des barrières qui compromettent leur essor dans la société en général et spécifiquement sur la scène politique. Elles ont moins de chance d’avoir accès à des opportunités de se développer et s’auto-promouvoir.
Dans un tel contexte, la création d’un répertoire des femmes handicapées pourrait se présenter comme une mesure permettant d’améliorer leur inclusion dans la société, en boostant leur visibilité. Il permettrait de les recenser et faciliter leur intégration dans les secteurs clés de la vie socio-politique. Un répertoire sera une base de données à la disposition des autorités, profilant les femmes handicapées par secteur d’activité. Cet outil permettra de mieux rapprocher les femmes handicapées des décideurs politiques.
Favoriser la participation et l’inclusion
Mme Rokia Bathily, femme en situation de handicap et membre de plusieurs associations qui se battent pour la cause des personnes handicapées au Mali, est favorable à l’idée de création d’un répertoire des femmes handicapées : « Ce n’est pas une recherche de faveurs non méritées. C’est fondamentalement pour mettre en lumière les compétences que recèle cette couche, qui sont méconnues ou jugées faibles à cause du regard réducteur que porte la société sur le handicap. » Elle ajoute que la mise en place d’un répertoire permettra de mettre en visibilité les profils pertinents au sein de la couche des femmes handicapées. L’intégration de la question du handicap dans l’action publique doit devenir un enjeu important pour notre pays. Et pour ce faire, il faudra peu à peu impliquer les personnes handicapées dans la gestion publique.
L’amélioration du statut de la femme, encore plus lorsqu’elle souffre de handicap, se fera en impliquant les premières concernées dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques. C’est pour cela qu’il convient qu’elles apparaissent de plus en plus sur la scène politique. Un répertoire des femmes handicapées permettra dans ce sens de faciliter le choix des profils à solliciter dans le cadre des nominations ou des activités de concertation politiques sur les questions vitales de la nation. Mais pour certains observateurs, il n’est pas besoin d’aller jusqu’à la création d’un répertoire pour favoriser la participation des femmes handicapées à la vie politique.
D’autres alternatives
Pour Mamadou Togo, secrétaire politique du mouvement de la jeunesse Alliance pour la République (APR), à Banankabougou, il est possible d’agir autrement pour promouvoir la participation des femmes handicapées dans la société. Elles ont besoin d’espace politique où elles peuvent être écoutées, entendues dans leurs difficultés pour trouver des solutions adéquates à leurs préoccupations « à travers la mise en place de conseils consultatifs sur les questions liées au handicap, tel que recommandé lors des Assises nationales de la refondation par exemple ». « Les ANR ont recommandé la création d’un Haut conseil national pour les personnes vivant avec un handicap. », insiste M. Togo. De son avis, une telle instance permettra de mieux discuter des questions liées au handicap et faire des propositions utiles aux autorités. Les propositions issues de ce cadre institutionnel serviront à agir sur les conditions de vie générales des personnes handicapées.
Autre alternative, M. Togo pense aussi qu’à travers les faîtières des personnes handicapées, les autorités politiques pourraient créer des cadres de concertation et de dialogue réguliers avec les personnes handicapées.