Au Mali, ces voix qui ne veulent pas entendre parler d’élections pour le moment
article comment count is: 0

Au Mali, ces voix qui ne veulent pas entendre parler d’élections pour le moment

Pendant que l’organisation des élections présidentielles est attendue pour le retour à la normalité constitutionnelle, d’aucuns pensent que pour le moment cela peut attendre.

Daoudabougou. Un goudron poussiéreux occupé par des tricycles roulant avec un grincement de moteurs essoufflés. Mais aussi blessé, troué de partout, mettant mal à l’aise conducteurs et piétons. Les yeux tombent aussi sur des charrettes pleines d’ordures traînées par des ânes battus avec des bâtons.

Une boutique des alentours nous ouvre ses portes. Arborant un turban noir, Elhadji accepte volontiers de nous parler. « Les priorités de l’heure sont la sécurisation du territoire national. Tant qu’une partie du Mali sera sous occupation, pas question qu’on aille vers les élections », clame-t-il.

La sécurité avant toutes choses

Pour avoir vécu l’occupation « djihadiste » en 2012, ce ressortissant de la cité sainte de Tombouctou soutient becs et ongles que la sécurité doit passer avant toutes choses. Pendant que la discussion bat son plein, des clients arrivent. Le trentenaire se lève et soulève le couvercle de son frigo pour remettre des sachets d’eau à une main tendue.

A quelques encablures de là, s’étend la colline du savoir. Le mont des universitaires. Un soleil sans chaleur tape la Faculté des sciences et de gestion (FSEG). Sacs au dos, des étudiants se dirigent vers l’entrée. Au parking, cohue grouillante. Interrogé, Moussa Diallo, étudiant en Licence 2, nous livre son point de vue. Les élections doivent-elles encore attendre ? La réponse du jeune homme tombe sur-le-champ. « Oui ! », clame-t-il.

Pour lui, la préservation de l’intégrité territoriale et la protection des populations constituent les axes prioritaires. « Kidal vient d’être libérée du joug des terroristes. Je pense que nous allons à grands pas vers le retour à l’ordre habituel », affirme-t-t-il, avant de nuancer en ajoutant que malgré cette victoire de l’armée malienne contre ce qu’il appelle les « forces du mal », tout n’a pas encore été atteint. « Il faut tout faire pour préserver ce qui a été obtenu », complète-il.

Redresser beaucoup de choses

Chez Oumar Touré, étudiant en Licence Gestion des Ressources Humaines, dans une université privée de Badalabougou, c’est un autre son de cloche. Un son de déception et de colère. Pour lui, le véritable bourbier dans lequel se sont enfoncées les roues de l’État malien, c’est la politique politicienne. « Si je pense à la situation actuelle de l’école malienne, aux humiliations infligées à notre peuple et à notre armée en 2012, à nos déplacés internes et externes, je ne peux pas accepter qu’on aille comme ça aux élections. Moi, je pense qu’on doit vraiment redresser beaucoup de choses », affirme-t-il.

Selon lui, les problèmes du Mali ont, en grande partie, été causés par les politiciens. A ses yeux, la preuve en est que le Mali a perdu de sa puissance militaire avec la démocratisation, selon lui. Ce qu’il serait en passe de récupérer avec les militaires au pouvoir. « De 1991 à aujourd’hui, les choses se sont détériorées. Le sentiment patriotique a faibli. La corruption à ciel ouvert partout. Le népotisme. Tout est sens dessus dessous », déplore-t-il.

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion