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Tombouctou l’abandonnée

La ville de Tombouctou est née de son positionnement stratégique au bord du fleuve Niger et en bordure du désert du Sahara. Les commerçants venaient des autres grandes villes de l’empire du Mali par les grandes pirogues qui ravitaillaient la ville en produits frais, et repartaient avec les marchandises de l’Orient qui venaient avec les caravanes du désert. Mais avec la colonisation et ensuite l’indépendance du Mali, Tombouctou est devenue une petite ville abandonnée dans le désert, écrit la blogueuse Fatouma Harber.

Malgré le classement de la ville au patrimoine de l’UNESCO, les grandes mosquées de Djingareyber et de Sankoré, les milliers de manuscrits qui témoignent d’une histoire plusieurs fois millénaires et une culture riche de la paix, Tombouctou est restée une ville secondaire. Certains ne l’évoquent que pour parler d’un endroit lointain, aride et inaccessible où il ne fait pas bon vivre.

Il est possible de leur donner raison quand on tient compte des conditions difficiles dans lesquelles les voyageurs arrivent à atteindre la ville qui est distante de la capitale Bamako de 1200 km. En effet, la vieille ville n’est liée à aucune autre ville du nord du Mali par une route bitumée. Il n’y a que la route baptisée « route de l’espoir » en latérite rouge, tracée par un ancien gouverneur de la ville de Tombouctou, le commandant Lamine Diabira.

Cette piste de 205 km va du bord du fleuve, en face du port de Koriomé de Tombouctou à Douentza, une ville de la région de Mopti. Ces 205 km pouvaient être un véritable calvaire pour le voyageur même avant la crise de 2012 : les véhicules 4X4 qui faisaient ce trajet étaient (et sont toujours) de vieilles voitures qui tombaient fréquemment en panne. Vous pouviez passer la nuit sur la route, à la belle étoile, avec pour seuls voisins les populations nomades très peu serviables, ou vous retrouver dans la possibilité d’abandonner vos bagages pour continuer la route en attendant que le chauffeur dépanne son véhicule et vous retrouve à Tombouctou.

Braquages, mines, viols

La crise sécuritaire a aggravé les conditions de voyages. Les braquages, les mines et les viols sont venus s’ajouter aux problèmes habituels. L’armée malienne et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) sont venus s’ajouter au nombre des soucis pour les simples civils qui veulent traverser sur le bac qui amène les voitures vers la piste.

Les camions de l’ONU, quand ils commencent à traverser n’en finissent pas. Ils voyagent toujours par dizaines et prennent pratiquement toute la place sur le bac, sauf si les conducteurs dudit bac vous prennent en pitié (je ne veux pas dire que vous les motivez avec vos billets de banques) et permettent que votre chauffeur se mette sur les flancs des camions après d’habiles manœuvres.

Ça devient plus difficile quand ce sont les camions et autres engins de nos militaires qui traversent. Je me rappelle avoir passé toute la journée sous la tente des pêcheurs de l’autre côté du fleuve à attendre que notre véhicule traverse en mai dernier. Nous, professeurs de psychopédagogie, partions à Mopti pour une formation. Il a fallu qu’un d’entre nous eusse l’idée de montrer notre ordre de mission au commandant pour qu’il accepte que seul le véhicule qui nous transportait traverse.

La peur au ventre

Nous sommes arrivés à Bambara Maoundé (100 km) vers 20h00 et nous avions fait semblant d’y passer la nuit pour nous réveiller vers 1h00 du matin et partir vers N’Goumah en catimini. Heureusement, nous n’avions pas eu de panne cette fois-ci, ni d’embourbement. Mais nous avons flanqué la plus belle peur à nos parents qui étaient morts d’inquiétude avant que nous n’arrivions dans une zone de couverture téléphonique. Nous avons eu de la chance car les deux derniers véhicules qui ont pris cette route ont été attaqués et braqués la même semaine.

Le retour a été pareil. Nous avions quitté Mopti vers 10h00, à rouler comme des fous dans le sable et la brousse, nos cœurs bondissants chaque fois que nous rencontrions un homme masqué sur une moto ou à dos d’âne ou de chameau. Nous savons que ce sont ces derniers qui dégainent les armes pour exiger que les voitures s’arrêtent. Mais, Dieu merci, nous avons pu rejoindre le bac qui mène au port de Koriomé (Tombouctou) avant 18h00, l’heure du couvre-feu.

Cette situation est vécue par tous les habitants de la vieille ville, surnommée la ville mystérieuse à cause de l’attachement que ses habitants ont pour elle. Mais ceci est un autre sujet dont nous parlerons très prochainement sur Benbere.

 

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