Des insultes aux enlèvements illégaux de membres de l’opposition, en passant par les intimidations et la censure des réseaux sociaux, le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a été caractérisé, surtout durant la période électorale, par plusieurs actes non conformes à l’esprit démocratique. Cet arbitraire nous rappelle la dictature de Moussa Traoré, écrit le blogueur Djibril Kayentao.
Au lieu de prendre en compte les critiques et les reproches des uns et des autres pour améliorer sa gouvernance, le régime d’IBK s’obstine à étouffer les voix par la force. Les faits sont là pour le prouver, et les cas les plus récents sont notamment, l’enlèvement sous menace d’armes de Moussa Kimbiri et Paul Ismaïl Boro, des alliés de l’opposition, suite aux contestations des résultats de l’élection présidentielle de 2018. Ils ont été menottés et amenés vers une destination inconnue à bord de véhicules aux vitres teintées, sans numéro d’immatriculation.
A cela s’ajoutent, entre autres, la censure des réseaux sociaux, la fermeture de la radio renouveau FM, la confiscation des ordinateurs, des caméras et téléphones du site web d’information Maliactu et celui de Smart Média dont tous les Maliens ont été témoins avant et pendant les élections. Faut-il aussi rappeler la disparition mystérieuse de Birama Touré, du journal Le sphinx, qui impliquerait le fils du président ?
Les choses vont-ils changer sous son second mandat ?
Tout cela nous rappelle la dictature du régime de Moussa Traoré, où les gens n’avaient pas le droit de critiquer le pouvoir. Cet arbitraire a poussé les Maliens à se révolter en 1991. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le régime actuel est en train de donner aux Maliens des raisons de se révolter, ce qui n’avantagerait personne.
On me rétorquera que les Maliens aujourd’hui ont le droit de voter et qu’ils s’expriment par les urnes, mais il ne faut pas sous-estimer ce sentiment qu’ont beaucoup de Maliens que voter ne sert pas à grand-chose et que les élections sont jouées d’avance. C’est ce sentiment qui pousse les gens à adopter un comportement violent même sous les régimes qui semblent démocratiques.
J’espère sincèrement que la gouvernance d’IBK va changer sous son second mandat et qu’il sera de plus en plus respectueux de la liberté d’expression. Ma raison d’espérer est qu’IBK entame son dernier mandat, et qu’il a intérêt à ce que les Maliens gardent une bonne image de lui pour la postérité.
J’espère ne pas me tromper.