#EllesFontFace : la scolarisation des filles mise à rude épreuve par la Covid-19
article comment count is: 0

#EllesFontFace : la scolarisation des filles mise à rude épreuve par la Covid-19

Les filles ont toujours été les plus éloignées des classes, qu’elles soient en milieu rural ou urbain. La crise sanitaire liée à la Covid-19 a grandement impacté leur scolarisation.

Au plus fort de la pandémie de Covid-19, l’Unesco alertait déjà sur la déscolarisation des filles. « Tandis que la Covid-19 entraîne la fermeture des écoles dans 185 pays, les conséquences d’une augmentation des taux d’abandon concerneront de manière disproportionnée les adolescentes, renforceront les disparités de genre dans le domaine de l’éducation et se traduiront par un nombre accru de cas d’exploitation sexuelle, de grossesses et de mariages précoces et forcés », avait prévenu Stefania Giannini, sous-directrice générale de l’Unesco pour l’éducation.

Sur la population totale des élèves inscrits dans le système éducatif au niveau mondial, l’Unesco estime que plus de 89 % sont actuellement déscolarisés du fait des fermetures d’écoles liées à la Covid-19. L’essentiel des élèves déscolarisés sont des filles.

Double crise

Depuis la crise sécuritaire de 2012, 1100 écoles sont fermées dans les régions du centre et du nord du Mali. Certaines, dans d’autres régions, sont aussi désertées. Les enseignants abandonnent leur travail en raison de l’insécurité dans ces zones, privant ainsi plus de 350.000 enfants d’éducation, majoritairement des filles. Cette situation a pris un tournant inquiétant en raison de la Covid-19, qui a engendré la fermeture des écoles.

Au Mali comme ailleurs en Afrique, les garçons ont toujours été plus présents dans les écoles que les filles. Elles sont même parfois tenues éloignées des classes. Elles apprennent avant tout la cuisine avec leurs mères, s’occupent des travaux domestiques puis sont mariées très tôt. Par la suite, elles sont déscolarisées. Selon un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), le taux de prévalence du mariage précoce au Mali est situé autour de 55 %. 52% des filles y sont mariées avant l’âge de 18 ans. Cette dure réalité est encore d’actualité dans certaines de nos localités.

Aides ménagères

Dans les villages, la plupart des organisations non gouvernementales qui appuyaient l’État là où il est moins présent ont aussi plié bagages en raison de la pandémie. Les activités en faveur de l’éducation des filles peinent à s’effectuer car les bailleurs, essentiellement occidentaux, ont mis la clé sous la porte pour des raisons sanitaires et sécuritaires.

Les rares filles qui vont à l’école dans le milieu rural sont contraintes d’aller chercher une place d’aide-ménagère en ville ou de se marier avec une personne capable de subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille.

C’est le cas de Mariam Diarra, 15 ans, originaire de Kiban, dans le cercle Banamba. « Cette année, j’ai décidé d’abandonner l’école. L’école ne marche pas bien dans mon village. Alors, j’ai décidé de me rendre à Bamako. Maintenant, je suis femme de ménage. Ça me rapporte un peu et me permets de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Mes frères sont partis à l’étranger. Je suis chanceuse, car la plupart de mes amies ont été données en mariage. Leurs parents craignaient qu’elles ne soient dépaysées par la capitale », raconte l’adolescente.

Sensibilisation

La Covid-19 est venue aggraver une situation qui était déjà alarmante. Le travail acharné des organisations humanitaires est mis à mal par l’insécurité que vit le pays et la pandémie qui a entrainé une rupture de nombreux services essentiels à la protection et à la promotion des droits des enfants.

Il urge, pour le bien-être de la fille, de trouver une alternative pour rattraper ce retard et remettre le taux de scolarisation des filles à un niveau acceptable. Il faut également une campagne de sensibilisation des parents sur le mariage précoce, les complications liées à l’accouchement et la déscolarisation.

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion