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Mali : les médias traditionnels dans le piège des réseaux sociaux

La plupart des journalistes utilisent Facebook, Twitter ou encore WhatsApp dans le cadre de leur travail. Mais au lieu de les aider, les réseaux sociaux contribuent dans bien des cas à désinformer les populations.

En avril 2019, au XXIe siècle, difficile d’imaginer le travail du journaliste sans l’utilisation des réseaux sociaux. Ces plateformes sont devenus une importante source d’informations. C’est aussi le lieu où se partagent des informations au-delà du média traditionnel du journaliste (radio, télévision, presse écrite).

Avec les réseaux sociaux, l’information circule à une vitesse stratosphérique. Celui qui est à l’autre bout du monde partage dans les secondes qui suivent la nouvelle d’un événement qui vient de survenir. Les hommes de médias, qui étaient les plus suivis, sont obligés de s’acclimater pour mieux servir et attirer plus d’audience que d’habitude, par peur de tomber en disgrâce auprès de leurs lecteurs, auditeurs ou télespectateurs.

« Une course contre la montre »

« C’est une course contre la montre qui crée malheureusement des malentendus, au pire des cas des conflits parce que les journalistes auront donné la mauvaise information, explique Abdoulaye Traoré, correspondant de presse. Certains journalistes procèdent à des rectifications plus tard, mais ceux qui ont déjà lu ou écouté l’information ne reviennent plus pour savoir qu’elle est fausse. Ils continuent à penser que l’info reçue est vraie. C’est pour cette raison qu’il faut faire extrêmement attention avant de publier une information ramassée sur les réseaux sociaux. »

La course au scoop pousse certains journalistes à diffuser des fakes news de façon inconsciente sans, au préalable, recouper l’information. La précipitation, l’envie de vite partager met à mal très souvent la crédibilité du journaliste. On a tendance à vouloir être les premiers à vouloir partager une information qui semble tellement vraie qu’il est difficile d’en douter un moment. Pire, on partage avec nos cercles d’amis qui ne se doutent de rien : parce que l’information vient du journaliste.

Double tranchant

Les réseaux sociaux se présentent aux journalistes comme un couteau à double tranchant. S’ils leur permettent de diffuser des informations au-delà de l’audience des médias traditionnels, la recherche du scoop diminue l’audience de certains et fait perdre à d’autres leur crédibilité de façon irréversible.

Au lendemain de la nomination de Boubou Cissé au poste de Premier ministre, le 21 avril 2019, certains médias se sont empressés de publier une liste fictive de son gouvernement, circulant sur les réseaux sociaux. Le gouvernement malien s’est fendu d’un communiqué pour démentir l’authenticité de la liste.

Des morts bien vivants

Quelques jours avant, c’était Bakoré Sylla, opérateur économique de renom, qu’on a « tué » (donné pour mort) sur les réseaux  sociaux, notamment Facebook. Le chanteur qui était sur le point de se produire à Bandiagara, Koko Dembélé, a subi le même le sort. Les deux qui croquaient la vie à belles dents au moment de la publication de ces fausses informations sur leur décès y ont apporté un démenti. Une situation qui pousse, malheureusement, le journaliste à présenter à chaque fois des excuses. Mohamed Ag Alher, journaliste et blogueur, explique ce phénomène par un véritable manque d’éthique de la part de ceux qui relaient des informations sans vérifier.

« Il y a un manque de professionnalisme dans le traitement de l’information sur les réseaux sociaux parce que certains journalistes veulent faire le buzz et du scoop, déplore-t-il. Ce manque de professionnalisme est directement lié à l’éthique, car des hommes de médias sur les réseaux sociaux publient des images qui heurtent la sensibilité de certaines personnes. Pire, les réseaux sociaux ont amplifié le plagiat. Je pense que les hommes de médias doivent considérer les médias modernes de la même manière que les médias traditionnels qui font appel à l’éthique et à la déontologie. »

Outils de vérification

A l’heure où tout le monde est devenu acteur de l’information, le journaliste doit avoir comme compagnon les outils de vérifications d’informations douteuses. Décodex peut nous aider pour les textes, Tineye pour les photos et YouTube ou Dataviewer pour les vidéos.

C’est notre responsabilité que nous engageons en partageant une information sans la vérifier. Il nous revient de choisir entre prendre son temps pour vérifier une information ou perdre en un clin d’œil sa crédibilité.

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