Dès les premières années de l’indépendance du Mali, le président Modibo Keïta a conçu une politique de désenclavement des régions éloignées de la capitale Bamako. En plus des routes nationales, le président Keita a initié une grande flotte de transport gérée par la Compagnie malienne de navigation (COMANAV). Pour la blogueuse Fatouma Harber, le voyage sur ces navires est devenu un véritable enfer.
Je me rappelle qu’avant 2015, c’était un véritable plaisir de voyager à bord Kankou ou Tombouctou, ces gros navires que j’empruntais à Gao pour rejoindre Tombouctou avec ma mère et mes frères et sœurs. Nous voyagions en 3e classe et cela nous donnait droit à 3 repas et des lits.
Quand j’étais étudiante, on se retrouvait entre étudiants sur le toit du bateau et on discutait de tout. La drague était le sport favori des étudiants sur le bateau. Nous avons vu des couples s’y créer et s’y défaire. Il nous arrivait de discuter en faisant du thé jusqu’au lever du jour.
C’était d’ailleurs pareil chez certains militaires maliens, qui ne se retenaient pas en voyant des jeunes filles. Même aujourd’hui ceux qui viennent pour la première fois dans ces contrées viennent avec des préjugés et stéréotypes sur les « filles faciles » du Nord, mais ils perdent leurs illusions après (rires) !
Des bateaux rapides mais trop coûteux
La navigation sur le Niger débute avec la crue du fleuve, avec des ports dans les villes principales qui longent fleuve : de Koulikoro jusqu’à Gao en passant par Mopti et Tombouctou. C’est une véritable économie et un véritable bol d’air pour les régions enclavées du Nord, qui voient les denrées du Sud déversées sur leurs marchés.
Bien qu’ils soient devenus très vieux et vétustes, la plupart des bateaux continuent à effectuer ces voyages. En 2015, La flotte de la COMANAV a été renforcée par deux bateaux rapides, Firhoun Alansar et Modibo Keïta, qui permettent de joindre Tombouctou à partir de Mopti en 24 heures seulement, alors que le même trajet se faisait en 48 heures avant.
Mais malheureusement le prix du billet de la cabine dépasse de loin le pouvoir d’achat des populations : 38 500 FCFA par personne. Quand vous voulez avoir une cabine où dormir, le prix devient plus expansif : entre 109 000 FCFA et 180 000 FCFA selon le confort qu’offre la cabine.
Des prix pour touristes étrangers
À en juger les prix, on croirait que les bateaux rapides sont destinés aux touristes européens ou américains! Pourtant la situation sécuritaire de cette zone est toujours rouge pour les touristes étrangers, qui reçoivent des alertes formelles de leurs ambassades pour qu’ils ne dépassent pas le Centre si leur voyage au Mali est inévitable.
Avant, la restauration sur le bateau était comme une mission de service public. Les cuisiniers employés par l’Etat traitaient les gens avec respect, et proposaient une nourriture de bonne qualité à bas prix. Maintenant, avec l’arrivée des bateaux rapides, c’est toute la restauration qui a été confiée à des opérateurs privés, dont le seul souci est de gagner le plus possible d’argent.
Voyager par bateau n’est plus une partie de plaisir.
C’est le malheur pour les pays Africains car les autorités réfléchissent bien mais on ne tire pas bénéfices