président patronat malien
article comment count is: 3

Et si le président du patronat malien balayait d’abord devant sa porte ?

A la fin de la semaine dernière, le prédisent du patronat malien, Mamadou Sinsi Coulibaly, disait détenir une liste des 1 600 fonctionnaires les plus corrompus du Mali. Le richissime homme d’affaires ne s’est pas arrêté là. Il est allé jusqu’à accuser Nouhoum Tapliy, le prédisent de la Cour suprême, d’être le fonctionnaire le plus corrompu du Mali. Pour le blogueur Amadou Konaré, Mamadou Sinsi Coulibaly doit d’abord assainir le secteur privé avant de balancer les noms des fonctionnaires les plus corrompus du pays.

Au cours d’une conférence de presse sur la corruption, le président du patronat malien s’engageait à mener une lutte implacable contre ce fléau qui ronge notre pays.  Devant les médias, il a déclaré posséder une liste des 1600 fonctionnaires les plus corrompus, qui ont poussé le pays au bord du gouffre.  Le président du CNPM a dévoilé le premier nom, et non des moindres,  de sa longue liste : il s’agit de  Nouhoum Tapily,  président de la Cour suprême du Mali.

Je reconnais que tout bon citoyen doit dénoncer les cas de corruption dont il a connaissance. Il est évident qu’on n’a pas besoin de mener une enquête pour savoir que la majorité des fonctionnaires sont corrompus. D’ailleurs, combien de Maliens peuvent se taper la poitrine de n’avoir jamais été corrompus ou corrupteurs ? Je crois que même s’il y en a, c’est peu.  Loin d’avoir la prétention de défendre la corruption généralisée qui sévit dans notre pays, ou le président de la Cour suprême lui-même, je vais attirer l’attention du président du patronat sur certains points qu’il a sûrement oubliés.

Le privé n’est pas au-dessus de tout reproche

Le secteur privé dont il est issu est-il réellement au-dessus de tout reproche ? J’en doute fort. Je peux affirmer, sans risque de me tromper, qu’il est possible de compter sur les doigts d’une main le nombre d’entreprises privées maliennes qui respectent scrupuleusement les règles et obligations fiscales. Beaucoup d’entre elles abusent des services de cabinets de placement pour éviter de recruter directement. Le droit du travail est contourné sinon bafoué par des responsables de sociétés privées.

Des jeunes travaillent souvent pendant 5 à 10 ans dans des structures privées, notamment les banques, les entreprises industrielles et dans les entreprises de téléphonie mobile, sans jamais être inscrits sur la liste du personnel. Pire, ils perçoivent des salaires de misère. Le secteur privé est rempli de chefs d’entreprises qui refusent d’inscrire leur personnel à l’assurance sociale (INPS). Je demande au patron des patrons si ces pratiques méritent ou non d’être dénoncées publiquement.

Balayer d’abord devant chez soi

C’est un très bon acte citoyen de dénoncer publiquement les cas de corruption et de délinquance financière. Mais, il faudrait aussi que Mamadou Sinsi Coulibaly balance la liste des acteurs du privé qui contribuent également au délitement de notre pays. Balayer devant chez l’autre est bon, mais le faire d’abord chez soi est plus salutaire. Aussi, je serais ravi de savoir si Mamadou Sinsi Coulibaly est prêt à se battre pour l’application intégrale de la loi qui a abouti à la création de l’Office centrale de lutte contre l’enrichissement illicite. Cela aidera à combattre facilement la corruption.

En outre, si les accusations portées contre le président la Cour suprême sont diffamatoires, celui-ci ira sûrement porter plainte pour se défendre. Mais s’il ne le fait pas, on sera effectivement tenté de se poser des questions. Il serait plus louable que Mamadou Sinsi Coulibaly remette au procureur de la République les preuves liées à l’accusation tout en expliquant le déroulement de son investigation.

 

Selon le dernier rapport de Transparency International, bien qu’ayant légèrement progressé dans son indice de perception de la corruption, le Mali se trouve toujours à la 120e position sur 180 dans le monde. Bien avant la Mauritanie (148) ou la Sierra Leone (129), mais après le Niger (114), le Ghana (78), ou encore le Burkina Faso (74).

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (3)

  1. @ Amadou Konare,
    Je ne vois pas ce que votre article apporte au debat de la lutte contre la corruption et l’enregistrement illicite. Votre argument principal, c’est d’accuser le secteur prive pour ceci ou cela et de lancer aussi des fleches a Mr Coulibaly Sinko Madou de produire les preuves de son accusation contre le president de la Cour supreme.
    Pour le debut de mon propos, permettez moi de vous poser une question. En 1968, quand Modibo quittait le pouvoir, il y avait combien de societes et entreprises d’Etat? Combien avions nous aujourd’hui? A qui la faute? Vous conviendrez avec moi que nous avions plusieurs societes et entreprises d’Etat, qu’aujourd’hui on compte au bout des doigts les societes et entreprises qur nous avions, et que la disparition des societes et entreprises d’Etat n’est point imputable au secteur prive mais plutot l’Etat a travers ses employes. Pourquoi les societes et entreprises ont presque disparu, vous savez autant que quiconque les raisons, et ce n’est pas la peine de s’attarder la dessus. Le plus important ici est que le secteur prive n’est pas le responsable.
    Comme deuxieme point de mon propos, permettez moi encore de vous poser une question. Qui est paye par l’Etat pour l’application des lois et accords regissant le secteur prive? Ce sont les employes de l’Etat. Si il y a manquement a l’application de ces lois–que vous mentionnez a juste titre dans votre propos–je crois qu’il ne faut pas chercher des poux sur un crane rase. Ce n’est pas normal que vous et moi ainsi que les autres –en qualite de contribuables— nous payons des gens avec nos impots pour un travail qu’il ne font pas. C’est scandaleux. Un Etat serieux ne se construit pas de cette facon. Et c’est encore pire que c’est le secteur prive–a travers la voix de son president, Mr Coulibaly—qui se leve pour denoncer le manquement des employes de l’Etat gracieusement payes sur nos impots qu’ils ne font pas ce qu’ils font et qu’ils font d’autre chose avec nos impots, et qu’ils manquent a l’ethique et la deontologie qui regissent le travail des employes de l’Etat. Je pense que cette denonciation du secteur prive doit etre percue comme un wake up call (appel au reveil) et non une occasion de continuer a dormir, de trouver des petites excuses pour ne rien faire et de vouloir faire porter le chapeau par le secteur prive. Si c’est de cette facon que nous continuons a agir, ce n’est donc pas surprenant ce qui arrive actuellement au Mali et le mauvais etat dans lequel le pays est empetre. Personne ne veut s’assumer, et on veut toujours faire porter la responsabilite par l’autre.
    Trousieme point, en ame et conscience, avec le niveau du salaire des employes de l’Etat, un fonctionnaire peut il etre milliardaire?
    Quatrieme et dernier point, ce n’est pas a Mr Coulibaly d’apporter les preuves de son accusation contre le president de la Cour supreme. Si le president de la Cour supreme est blanc comme neige (comme Mr Coulibaly parce que vous n’avez aucune preuve contre lui dans votre propos), et qu’il ne se reproche rien, c’est a lui d’apporter le dementi et le public en jugera. C’est assez clair: si quelqu’un vous accuse de quelque chose, c’est a vous de lui prouver que ce qu’il dit n’est pas correct. Encore une fois au lieu de vouloir chercher la petite bete ou de vouloir allumer le feu dans cette affaire, felicitez Mr Coulibaly, le president du secteur prive pour son civisme et son patriotisme. C’est dans l’interet de tout le monde qu’il a parle. Si on arrive a enlever les brebis galeuses du troupeau mieux ca sera pour chacun de nous tous. Dans un pays serieux, le president de la Cour supreme aurait du demissionner de lui meme.

    1. Amadou Konaré, tu n’es pas du tout convaincant, en disant que qui peut dire qu’il n’est pas corrupteur.
      Je veux qu’on parte de faits concrets, comme par exemple un policier qui arrêtent un véhicule, demande les papiers, tout est en règle, carte grise, permis, vignette. Ensuite il demande l’instinctueur , et ce dernier est là.
      Et comme il n’y a rien à faire, le policier dit qu’il y a une brisure sur le pare-brise et veut de l’argent pour ça.
      Quand on donne de l’argent, on dit qu’on est un corrupteur. Il n’y a point de corruption, il y a du racket, et pour y échapper on est prêt à tout !