Protection des données personnelles au Mali : que dit la loi ?
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Protection des données personnelles au Mali : que dit la loi ?

Dans un monde hyperconnecté, les données personnelles sont plus que jamais exposées. Que prévoit la loi malienne pour protéger les informations personnelles en ligne et comment se défendre en cas d’abus ?

Bien que les statistiques précises pour le Mali soient absentes, les abus liés aux données personnelles, comme la diffusion non autorisée de photos, vidéos ou conversations privées, continuent d’augmenter. Parmi ces atteintes, figurent également le piratage de comptes sur les réseaux sociaux à des fins d’extorsion, la collecte illégale de données personnelles sans consentement.

À l’échelle mondiale, les violations de données ont augmenté de 70 % en 2023, affectant 41 millions de comptes au premier trimestre, selon un rapport de Surfshark. Au Mali, la loi n° 2013-015 régit la protection des données personnelles, imposant un consentement explicite avant toute collecte ou diffusion, et offrant ainsi un cadre juridique essentiel pour prévenir ces abus.

Autorisation claire et éclairée

Modifiée en 2017, la loi n° 2013-015 de 2013 protège les données personnelles en interdisant leur collecte, utilisation ou partage sans consentement explicite. Un site web, une application ou une entreprise doit informer une personne de l’usage de ses données (nom, adresse, photos, etc.) et obtenir son autorisation claire et éclairée.

Par exemple, un site e-commerce ne peut pas utiliser les informations personnelles à des fins publicitaires sans accord. Les caméras de surveillance dans les lieux publics doivent être signalées et les vidéos ne peuvent être diffusées sans autorisation. Les applications mobiles, les banques et les réseaux sociaux doivent également respecter ces règles strictes, garantissant ainsi le contrôle sur les données.

Une victime d’une éventuelle violation peut porter plainte auprès de l’Autorité de protection des données personnelles (APDP). C’est cet organisme qui veille à l’application de la loi et à la protection des droits.

La loi est claire : ceux qui collectent, stockent ou partagent des données personnelles sans autorisation s’exposent à des sanctions. Ces sanctions peuvent inclure des amendes allant de 5 à 20 millions de francs CFA et, dans les cas les plus graves, des peines de prison.

Sensibiliser les citoyens sur les risques

Bien que le Mali dispose de la loi n° 2013-015 pour protéger les données personnelles, la sensibilisation demeure un défi majeur. Selon Ismaël Traoré, directeur de la communication et des relations publiques à l’APDP, cette institution n’a reçu qu’une vingtaine de plaintes en 2023. Ce chiffre est bien en deçà de la réalité, car beaucoup de victimes ignorent leurs droits ou les démarches à suivre pour obtenir justice.

Traoré insiste sur l’importance de sensibiliser les citoyens sur les dangers liés au partage non contrôlé de leurs données en ligne. « Nous avons constaté que de nombreux Maliens ne sont pas conscients des informations personnelles qu’ils partagent sur internet et des risques qu’ils encourent», explique-t-il. Il appelle à un effort collectif pour informer la population, soulignant que des campagnes de sensibilisation massives sont indispensables pour combler cette lacune.

La loi n° 2013-015 encadre la protection des données personnelles au Mali, offrant une base juridique solide. Toutefois, son efficacité repose sur la vigilance de l’APDP et une meilleure sensibilisation des citoyens. Face à l’évolution rapide des technologies, une éducation numérique renforcée et des campagnes ciblées sont essentielles pour garantir un environnement digital plus sûr et respectueux de la vie privée.

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