La valorisation des travaux de nos chercheurs dans tous les secteurs figure parmi les recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR). La recherche scientifique et l’innovation sont les clés pour booster l’économie du Mali.
C’est connu : le savoir est une matière première à part entière. Les pays comme la Suisse ou l’Israël ont placé le capital humain et la recherche scientifique au cœur de leur économie et sont aujourd’hui des références.
Si des noms comme Ogobara Doumbo, Alhousseïni Bretaudeau ou Abdoulaye Sidibé, Moussa Sow (anthropologue), Shaka Bagayoko résonnent encore dans le monde scientifique au niveau international, tous les acteurs reconnaissent que des progrès restent à faire dans le secteur malien de la recherche : le faible financement et la faible valorisation des résultats de la recherche sont des défis majeurs à relever.
La valorisation de la recherche figure parmi les 10 axes stratégiques de la Politique nationale de la science, de la technologie et de l’innovation. Une preuve que les autorités sont conscientes des enjeux même si la mise en œuvre des recommandations de cette politique se font attendre.
Trouver des fonds à tout prix
Composé de plus de 80 institutions de recherche animées par 1 600 chercheurs environ, le domaine scientifique bat de l’aile. Les acteurs interrogés sont unanimes : la racine de tous les problèmes liés au secteur est l’incapacité à mobiliser les ressources nécessaires au financement des activités et programmes de formation ou de spécialisation des personnels de recherche, d’innovation et de vulgarisation.
En 2017, L’État malien, à travers le Fonds compétitif pour la recherche et l’innovation technologique (FCRIT), a prévu de financer un fonds qui représente 0,2% des recettes fiscales. Ainsi, le Mali consacrerait 0,7% de son PIB aux recherches de développement, un taux inférieur à l’engagement des pays africains d’atteindre au minimum 1%. « Le faible soutien des pouvoirs publics et les moyens très réduits dont disposent les structures en termes financiers ou logistiques, explique cet agronome, sont le corollaire de la crise malienne dans sa globalité. Nous sommes donc financés par l’extérieur. Or, nous savons tous que la main qui donne est celle qui indique la direction à prendre. »
Le problème de financement est donc le premier défi à relever pour la valoriser la recherche scientifique au Mali.
Bâtir un pont entre le monde universitaire et la société civile
Le but premier de la recherche scientifique est le développement. Mais comment contribuer au développement d’une société qui, face aux urgences de la vie quotidienne, doute de l’utilité même du monde universitaire ?
Des interlocuteurs interrogés sur le sujet ont jugé les projets de recherche trop théoriques et déconnectés des réalités du fait du financement extérieur. Abdoulaye Diallo, chercheur, réfute : « La recherche malienne est majoritairement basée sur le thème agricole et sanitaire. Donc, dire que le monde universitaire est déconnecté des réalités est infondé. »
Néanmoins, il faut bien reconnaître que l’image de la science et de la recherche est bien floue : la communauté scientifique malienne communique très peu avec le grand public. Les résultats des recherches, les techniques et technologies développées doivent être vulgarisées, utilisables et commercialisables. « L’administration malienne s’intéresse progressivement aux travaux universitaires, note l’économiste Adama Traoré. C’est un bon signe que l’équipe qui a écrit la nouvelle Constitution soit majoritairement composée d’universitaires. Le meilleur est à venir. » Une note d’espoir. En espérant que le temps donne raison.
Il est utile d’établir un pont entre les producteurs du savoir et les décideurs du pays et même ceux qui évoluent dans le secteur privé. Pour avoir de bons résultats à l’issue des recherches, il faut nécessairement former des jeunes et renforcer les compétences des chercheurs.
Force kayes 🙏🙏❤️