Les questions foncières défrayent la chronique depuis quelques mois à Tombouctou. Les litiges liés au foncier ne sont pas rares, s’agissant des parcelles contiguës aux marchés et aux espaces publics. La jeunesse, désormais en sentinelle, veut mettre fin à ces pratiques qui privent les jeunes de leur droit aux loisirs, écrit Randane Ould Barka.
Le dernier épisode en date est la vente en catimini du terrain de sport du quartier d’Abaradjou, le plus grand quartier de la commune urbaine de Tombouctou. Cet espace de quatre hectares a été vendu sans le moindre consentement de la jeunesse.
Après la vente du terrain à un particulier, on se préparait à sa mise en valeur lorsque des jeunes du quartier ont décidé de s’y opposer. Des piquets ont été plantés discrètement et en pleine nuit tout autour du terrain, la preuve que l’espace n’était plus public et qu’il était sur la voie d’être construit.
Course contre la montre
C’est une jeunesse déchaînée qui est venue retirer ipso facto les piquets. Depuis, c’est une course contre la montre qui a été engagée pour construire le terrain de basketball au bénéfice de la jeunesse.
« Nous retirons ces piquets parce qu’ici, c’est un espace public et nul n’a le droit de le vendre. Comment peut-on faire une telle chose ? C’est inadmissible. Personne ne peut nous retirer cet espace. Nous allons nous-mêmes construire le terrain sur fonds propres », a laissé entendre Harber Alassane, membre du cadre de concertation des jeunes d’Abaradjou.
Certains ont pointé également du doigt le silence coupable des autorités locales, qui semblent cautionner cette situation. Du côté de l’hôtel de ville, le maire de la commune dit ainsi ne pas être au courant de la vente du terrain litigieux. Même si le bras de fer a duré, les jeunes ont fini par remporter la partie. Les semaines qui ont suivi, chacun selon sa bourse a apporté ce qu’il pouvait pour construire le terrain.
Mise en garde de la jeunesse
En plus de tirer la sonnette d’alarme, les jeunes d’Abaradjou ont mis en garde contre toute tentative de vente d’espaces dédiés à la jeunesse. Le terrain litigieux a été quasiment construit. Il ne reste qu’à planter les poteaux pour désormais l’utiliser.
Quoi de mieux pour occuper les enfants après les cours. Toute la jeunesse de la ville est mobilisée pour la cause, derrière celle d’Abaradjou. Plusieurs jeunes et des vieux viennent sur le chantier, même si c’est pour un coup de pioche, à l’image de Mohamed Ali, Mohamed Ali, un jeune du quartier : « Je n’ai pas de ressources financières, affirme-t-il. Tout ce que j’ai, c’est ma force alors je viens régulièrement participer aux travaux collectifs. »