#CoolAvecLaNature : au centre N’domo, plaque tournante du textile écologique au Mali
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#CoolAvecLaNature : au centre N’domo, plaque tournante du textile écologique au Mali

Célèbre pour son tissu vedette, le bogolan, le centre N’domo est une plaque tournante dans la fabrication et la vente de tissus écologiques à base de teinture naturelle.

Il est 10h au centre N’domo, situé dans la commune rurale de Pélengana, à 5 km de Ségou. Il est construit à base de bambou et de banco rouge.  Le N’domo est la première étape d’initiation des jeunes en milieu bamanan. Ici, l’activité principale est la confection et la vente de produits artisanaux locaux, notamment le tissu traditionnel bogolan dont la renommée a dépassé les frontières du Mali. Lors de notre passage, en juillet 2023, nous y avons rencontré un groupe de jeunes qui courbés sur des épais tissus sur lesquels ils appliquaient des idéogrammes, qui occupés à tremper et laver des tissus.

Assis sous le préau, sept jeunes hommes appliquent de l’argile sur des tissus. Un peu plus loin, M. Coulibaly peint un pagne avec délicatesse.  « Au centre, pour la création des motifs, nous traçons de l’argile provenant du fleuve sur les tissus traditionnels à l’aide de pinceaux et pipettes », explique-t-il les yeux rivés sur le tissu. C’est une tâche minutieuse. Chaque symbole est un message inspiré de la nature ou du quotidien.

Devant, se trouvent des femmes occupées à asperger les tissus d’argile. D’autres bouillissent des plantes. Pendant ce temps, nous apercevons du bogolan imbibé, étalé au sol.  Attirés par la beauté, des acheteurs discutent le prix. Des curieux venus pour la visite admirent l’architecture majestueuse du centre et la beauté des produits proposés.

Recyclage et innocuité

Un homme inspecte les lieux. C’est un rituel selon nos interlocuteurs. Il s’appelle Boubacar Doumbia, le directeur du centre. Chaque matin, il faut le tour de l’établissement où au moins 47 jeunes apprennent la teinture végétale. De plus, 20 personnes dont 4 femmes travaillent au centre N’domo.

La spécialité du N’domo c’est la teinture végétale. Une technique durable qui préserve l’environnement et l’écosystème autour. Sur le site, un espace est aménagé pour la teinture et le recyclage des déchets. Rien ne se perd dans cet atelier. Tout ce qui entre dans la fabrication du bogolan est réutilisé, explique le premier responsable qui insiste sur l’innocuité des plantes utilisées.

Les principales plantes utilisées sont le N’galama (Anogeissus leïocarpa) et le Mpeku, les écorces du raisin sauvage. Deux plantes qui ne présentent pas d’impact négatif sur la nature, selon notre interlocuteur. Même écho chez Dembélé Aminata Keïta, l’une des fabricantes du bogolan au centre N’domo. Elle confirme qu’au N’domo tout est naturel et recyclé du savon aux plantes en passant par l’eau. Les feuilles sont décomposées et utilisées comme engrais organiques. Tandis que les écorches séchées servent de combustibles.

Qu’en est-il sur le plan sanitaire ? Selon Dr Zeïna Diallo, dermatologue à l’hôpital Nianankoro Fomba de Ségou, les plantes utilisées dans la fabrication servent d’antiseptiques pour soigner la plaie et des infections. Pour cette spécialiste, le bogolan trempé dans la teinture végétale n’a aucun impact sur la peau. Toutefois, prévient-elle, certains additifs tels que l’eau de javel, la soude peuvent souvent irriter la peau.

Protection de l’environnement

Dans le processus de fabrication du bogolan, l’eau est beaucoup utilisée. L’utilisation journalière du centre est évaluée à plus de 1 000 litres. Il faut bien un système adéquat pour le traitement des eaux usées. Les responsables du centre ont creusé deux fosses. La première sert à soustraire l’argile. La seconde contenant du charbon et du sable est conçue pour filtrer l’eau. Une partie est utilisée pour arroser les plantes du site, l’autre déversée dans une grande fosse où sont plantés des nénuphars. L’eau ne débouche pas sur le fleuve Niger, qui traverse la ville.

« Ces nénuphars permettent de contrôler la qualité de l’eau. S’ils vivent, c’est que l’eau qui s’y trouve n’est pas polluée, par contre s’ils meurent, c’est qu’elle est polluée », affirme Boubacar Doumbia. Il ajoute qu’il y a quelques années, des services de l’assainissement ont contrôlé la qualité de l’eau.  Il ressort de leur expertise qu’elle ne présente aucun danger pour l’environnement ni sur la vie humaine, selon notre interlocuteur.

Mariam Diarra, une habitante de Pélengana, loue les efforts du centre N’domo dans la protection de l’environnement. « J’habite ici depuis des années. Personne ne s’est jamais plaint de leur travail contrairement à d’autres personnes qui font de la teinture. Ils recyclent tous les déchets restants. Nous n’absorbons pas de gaz qui gêne. Au contraire, nous profitons, car nos enfants pêchent les poissons dans la grande fosse grâce aux eaux non toxiques qui coulent dans ce ravin.  Et des femmes s’en servent pour arroser leurs jardins », témoigne-t-elle.


Cet article a été publié avec le soutien de l’ONG Mali-Folkecenter Nyetaa à travers le projet Innov-ReC

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