4 questions pour comprendre le Pacte de stabilité sociale et de croissance
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4 questions pour comprendre le Pacte de stabilité sociale et de croissance

En août 2023, le Mali s’est doté d’un pacte de stabilité sociale et de croissance pour la période 2023-2027, présenté comme une réponse aux grèves à répétition et aux tensions sociales qui secouent le pays.

« Il ne faut pas que l’État en profite pour dire qu’il n’y aura pas de grève au Mali » Ces propos sont d’Issa Bengaly, à l’époque secrétaire administratif (devenu 2e secrétaire général adjoint) de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), cités dans une note d’analyse de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité (OCGS) en décembre 2022. Ils intervenaient après une conference sociale, tenue en octobre de la même année, pour apaiser la colère syndicale. Parmi les recommandations, figuraient une trêve et un pacte de solidarité national. Une cascade de préavis de grève et de grève avait suivi pourtant dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice.

Les Maliens voient leur quotidien perturbé par des grèves récurrentes dans l’éducation, la santé et d’autres services publics. Pour y faire face, le gouvernement, les syndicats et le patronat ont décidé de conclure un pacte reposant sur trois principes essentiels : le dialogue, l’équité et le respect de la liberté syndicale. Voici quatre questions qui en résument l’essentiel.

1. Quels sont les engagements du pacte ?

Le pacte cherche d’abord à instaurer une « trêve sociale ». Concrètement, il s’agit de privilégier le dialogue et la négociation avant d’en arriver au bras de fer syndical. Les syndicats s’engagent à modérer les appels à la grève, tandis que le gouvernement promet d’écouter davantage les revendications.

Mais déjà, certains observateurs soulignent une contradiction : malgré la signature du pacte, plusieurs mouvements de grève ont eu lieu dans les mois qui ont suivi. Ce qui montre que la confiance reste fragile entre l’État et les syndicats.

2. Qu’est-ce qui va changer pour les travailleurs ?

L’un des volets phares du pacte concerne l’amélioration des conditions de vie et de travail. Le gouvernement s’engage à revoir la politique de rémunération, renforcer la sécurité au travail et élargir la couverture sociale.

Le texte évoque aussi l’équité et l’égalité des chances, en intégrant les femmes, le secteur informel et les personnes en situation de handicap. C’est une avancée importante, car une large majorité de Maliens travaillent sans contrat formel, donc sans protection. Le chômage et la précarité touchent de plein fouet la jeunesse malienne. Beaucoup aspirent à un emploi stable mais peinent à trouver des opportunités. Le pacte promet d’y répondre à travers des programmes de formation et de soutien à l’entrepreneuriat.

3. Quels moyens financiers sont mobilisés ?

Un plan d’actions avec un budget de 105 milliards de francs CFA accompagne le pacte. Il prévoit 120 activités étalées sur cinq ans, structurées autour d’une soixantaine d’engagements. Ces activités touchent à plusieurs domaines prioritaires : instaurer un dialogue social permanent pour prévenir les conflits, revaloriser les conditions de travail (sécurité, rémunérations, couverture sociale), mais aussi renforcer l’employabilité des jeunes à travers la formation et le recrutement.

Le plan insiste également sur la relance économique, avec des mesures pour dynamiser le secteur privé, encourager l’innovation et améliorer le climat des affaires. Il met également l’accent sur la bonne gouvernance : suivi rigoureux, transparence et évaluation régulière. Pour garantir son application, des comités techniques et un comité d’orientation stratégique sont chargés de contrôler l’avancement et de veiller au respect des engagements pris.

4. Où en est réellement la mise en œuvre ?

Après deux ans de mise en œuvre, le pacte accuse un retard, admet Salif Bagayogo, conseiller technique au ministère du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social. « Plusieurs engagements prévus pour 2024 n’ont pas été réalisés », reconnaît-il. À ce stade, 11 engagements sont considérés comme éteints, dont la politique nationale de santé et de sécurité au travail, tandis que 35 restent en cours d’exécution. Il note néanmoins des avancées importantes, telles que l’élaboration d’un plan national de formation, d’un plan national de recrutement, l’accélération du Système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH) et l’augmentation de la valeur indiciaire.

Malgré ses lenteurs, le pacte a permis quelques avancées. Son succès dépendra désormais de la capacité des acteurs à accélérer sa mise en œuvre, pour qu’il cesse d’être un catalogue d’engagements et devienne enfin une réponse aux attentes sociales.

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