À Kayes, le long soupir de la gare ferroviaire fantôme
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À Kayes, le long soupir de la gare ferroviaire fantôme

Depuis deux ans, le train voyageur reliant Bamako-Kayes est à l’arrêt. Les populations riveraines sont inquiètes. Elles souhaitent vivement la relance du trafic, synonyme de reprise économique dans une région où les jeunes sont tournée vers l’émigration. Reportage d’Aliou Diallo dans une gare ferroviaire fantôme.

L’arrêt du train en 2018, pour cause de panne de la locomotive CC 2205, a changé le quotidien des usagers de la gare ferroviaire à Kayes. Depuis,  la gare du train est devenue un lieu fantomatique. À l’entrée, les battants du guichet de vente des tickets sont couverts de poussière. Sous le hangar principal, un groupe de cheminots y prennent du thé. « Nous vivons avec l’espoir qu’un jour le train reprendra du service », s’enthousiasme l’un d’entre eux. 

D’habitude, des employés et voyageurs s’entassaient sous le hangar. Aujourd’hui, un silence de cimetière y règne. Les haut-parleurs qui annonçaient l’arrivée et le départ du train sont devenus muets. À la direction Bamako-Dakar-Ferroviaire, sous le hangar, la première grande horloge est restée figée sur 16 h03. Et de l’autre bout du hangar, la seconde grande horloge affiche 15h05. Le temps semble s’arrêter. Les portes de certains magasins et bureaux ont été arrachés. Des toiles d’araignées sont tissées sur les autres équipements. « Regardez autour de vous. Que de la désolation ! », concède amèrement Hamala, un habitant de la ville venu y chercher ses moutons.

« Ils ont laissé mourir le train »

Sur les rails, des vaches et moutons ont remplacé les trains. Les animaux y divaguent comme dans leur habitat naturel. Les bouses de vaches sont visibles un peu partout, y compris devant le petit hangar qui servait jadis de lieu de prière pour les voyageurs.  Plus loin, des wagons échouent sur les rails comme des baleines devant une plage. 

« Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui sont venus battre campagne à Kayes à bord du train. Pourtant, ils l’ont laissé mourir », déplore Drissa Traoré, un cheminot au chômage. « Le train transportait tout. Des légumes, des animaux…Des chameaux voyageaient par ce train », se remémore Fatoumata Sidibé, gérante d’un restaurant devant la gare.

Il urge de tout mettre en œuvre pour relancer le train voyageur. En plus de faire vivre l’économie locale, le train était un frein contre le départ massif des jeunes vers l’Europe. La région de Kayes est connue pour être championne dans le départ des jeunes vers l’Occident. C’est une région en proie également à l’orpaillage traditionnel.

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