L’éducation aux médias et à l’information, plus que jamais nécessaire dans le système scolaire malien
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L’éducation aux médias et à l’information, plus que jamais nécessaire dans le système scolaire malien

À l’ère des réseaux sociaux et de la désinformation, le Mali doit agir rapidement en intégrant l’éducation aux médias et à l’information dans le système scolaire pour préparer les jeunes à naviguer dans un océan d’informations trompeuses.

La prolifération des fake news et des discours de haine sur les plateformes numériques met en péril la paix sociale et pèse même sur la gouvernance. Le Mali, à l’instar des autres pays du Sahel, est particulièrement vulnérable à la désinformation, en grande partie à cause de l’accès grandissant aux réseaux sociaux sans un cadre adéquat pour vérifier les informations.

L’éducation aux médias est essentielle pour doter les jeunes de la capacité de distinguer le vrai du faux, comprendre comment les informations sont manipulées, et développer un esprit critique face aux contenus qu’ils consomment. Elle va au-delà d’une simple formation sur l’utilisation d’Internet, en formant des citoyens capables de produire et consommer des informations de manière responsable.

En retard face aux enjeux

Le système scolaire malien accuse un retard dans l’intégration de l’éducation aux médias et à l’information. Bien que les jeunes soient actifs sur les réseaux sociaux, ils manquent de compétences pour distinguer les sources fiables des contenus nuisibles.

Coordinateur de l’Institut pour la démocratie et l’éducation aux Médias au Mali (IDEM), Sadou Yattara souligne que la problématique a longtemps été posée. « En 2005, un colloque international sur l’EMI s’est tenu à Bamako, et l’IDEM a lancé des initiatives d’EMI dans plusieurs lycées jusqu’en 2010. Malheureusement, faute de ressources, ces initiatives n’ont pas été pérennisées. »

Il précise également que la compréhension de cette éducation par les décideurs publics est insuffisante. « Beaucoup confondent l’éducation aux médias avec l’éducation numérique, qui n’en est qu’une composante. » M. Yattara insiste sur l’urgence de la situation : « Les jeunes ont un accès facilité aux smartphones, impactant leur conscience. Il est essentiel de sensibiliser à ces enjeux, y compris les enseignants. » Pour lui, il est crucial que des experts élaborent des outils décisionnels clairs : « Avant le lobbying, un plaidoyer solide, basé sur des documents d’experts, est nécessaire. Ce processus peut prendre un an et impliquer plusieurs ministères et autres institutions. »

S’inspirer des exemples de réussite

L’intégration de l’éducation aux médias et à l’information a montré des résultats significatifs dans d’autres pays. Par exemple, au Ghana, le programme Media Literacy Ghana existe pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la désinformation. En Suisse et au Canada, des initiatives similaires ont prouvé que ce programme réduit les impacts négatifs des fausses informations sur les jeunes générations. Ces modèles pourraient inspirer des initiatives au Mali, en adaptant les méthodes éducatives aux réalités locales.

Modibo Fofana, président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel-Mali), exhorte à une action rapide contre la désinformation en plaidant pour l’intégration de l’éducation aux médias et à l’information dans les systèmes scolaires et universitaires. Il a récemment remis un plaidoyer au ministre de la communication pour cette intégration, soulignant la nécessité d’une collaboration avec plusieurs ministères afin d’assurer des réformes à la fois structurelles et durables. « Il est essentiel que ce plaidoyer s’accompagne d’une collaboration entre plusieurs ministères afin d’assurer que les réformes soient à la fois structurelles et durables », a-t-il souligné.

Le gouvernement, avec l’aide d’experts internationaux, pourrait créer des outils pédagogiques adaptés, en s’appuyant sur les lignes directrices de l’UNESCO pour l’éducation aux médias.

En réponse à l’urgence croissante de la désinformation, il est crucial d’intégrer l’éducation aux médias et à l’information dans le système scolaire malien. Cela passe par la création d’un curriculum national dès le primaire, la formation des enseignants, l’établissement de partenariats avec des organisations internationales, et la mise en place de campagnes de sensibilisation engageant les jeunes.

En unissant les efforts des institutions, des éducateurs et de la société civile, le Mali peut former une génération plus avertie et résiliente face aux défis de la désinformation, s’inspirant des modèles réussis d’autres pays pour rendre cette initiative non seulement nécessaire, mais aussi réalisable.

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