Le Mali célèbre, ce vendredi 21 avril 2023, l’Aïd el fitr. Mais beaucoup de familles ne connaitront pas la même ferveur de la fête, faute de moyens financiers, alors qu’il s’agit d’un jour de joie et de partage.
A Kayes, comme dans plusieurs localités du Mali, les fidèles musulmans célèbrent l’Aïd el fitr marquant la fin du mois de Ramadan. Bien que cette fête soit un jour de réjouissance, certains chefs de familles peinent à trouver l’équilibrer à cause du manque de moyens financiers pour faire face aux dépenses familiales.
Partout, en ville, l’atmosphère des grands jours de fête est visible. Les salons de coiffure sont bondés : chaque homme ou femme veut se coiffer. Mais chez certains, la vie est difficile à tenir, faute d’argent.
« Tontines de viande »
Pour cette fête, tout n’est pas rose pour certains chefs de famille. C’est le cas de M. Dramane Traoré, résidant à Kayes Ba. Ce père de famille de 5 enfants, marié à 2 femmes, ne sait toujours pas encore dans quelle condition sa famille va célébrer la fête. « Seul Dieu sait. Ma situation financière est très compliquée en ce moment et je ne sais plus quoi faire », confie-t-il. Comme M. Traoré, d’autres chefs de famille que nous avons rencontrés ont également fait part des difficultés financières qu’ils éprouvent pour passer la fête en toute sérénité.
Depuis des années, les chefs de famille ont institué une méthode pour atténuer les dépenses liées à la fête. Dans presque chaque quartier, ils cotisent pour s’acheter un bœuf. Ils se partagent la viande à la veille ou le matin de bonheur le jour de la fête. « Nous vivons dans un pays où le pouvoir d’achat est élevé par rapport à ce que nous gagnons. Du coup, si vous ne trouvez pas d’alternative, difficilement vous allez vous en sortir pour permettre à votre famille d’au moins croquer un morceau de viande le jour de la fête », fait savoir Diaby M.
Cette alternative parait être une solution pour les foyers à faible revenu. Mais là aussi, tout le monde n’a pas souvent la somme demandée. Les cotisations varient entre 10 000 et 30 000 F CFA, voire plus en fonction du nombre de personnes inscrites sur la liste.
Jour de joie et de partage
Dans le pays, la situation économique ne cesse d’inquiéter plus d’un. Déjà frappé par la crise sanitaire liée au Covid-19, qui a touché les plus grandes économies mondiales, le Mali est toujours confronté à la vie chère. Sur le marché, tout a presqu’augmenté : le prix de l’huile, du riz et bien d’autres denrées ont connu une hausse de prix, malgré les mesures annoncées par les autorités pour stabiliser.
L’autre aspect à ne pas oublier : les sanctions économiques et financières imposées au pays par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa). De ces événements à aujourd’hui, tout ne semble pas encore rentré en ordre.
Durant le mois de ramadan, les personnes de bonne volonté ont apporté leur aide à ceux qui sont dans le besoin. Ce sont des initiatives salutaires à encourager. Il faut cependant les multiplier, car beaucoup de familles ne connaitront pas la même ferveur de la fête, faute de moyens financiers, alors qu’il s’agit d’un jour de joie et de partage.