Les célébrations de mariage, à Bamako, constituent des occasions de grande communion et de manifestation de joie. Cependant, les festivités tournent vite au désordre et à la dérive.
Jeudi et dimanche sont des jours de célébration de mariage à Bamako. C’est toute une communauté qui accompagne les nouveaux couples mariés pour leurs noces. Les parents, proches et amis souhaitent être témoins de la consécration de l’union de leurs proches.
C’est aussi des jours de tous les excès dans les manifestations de joie. Le phénomène des cortèges nuptiaux, ancré dans les habitudes, donne lieu à tous les excès possibles sur les voies publiques : acrobaties, excès de vitesse, conduites anarchiques, vrombissement des moteurs et klaxonnements assourdissants empêchant ou compromettant la libre circulation des autres usagers.
Faillite de l’éducation aux valeurs du savoir-vivre
Mais il y a mieux ou pire. Lors des cérémonies grandioses organisées dans les concessions des mariés, des animateurs ou cantatrices sont invités à venir apporter de l’ambiance, par leur savoir-faire : chants et danses sont au rendez-vous, jusque souvent tard dans la nuit, sans égard pour la quiétude et la tranquillité des voisins.
Également, les bâches pour accueillir les différents invités sont disposées au-delà des devantures des concessions pour occuper abusivement l’espace public, qui se trouve ainsi obstrué.
Il est temps de sauver la société malienne du laisser-aller et du laisser-faire. L’éducation familiale, qui constituait un véritable médium de transmission des règles de savoir-vivre en société et un rempart contre les dérives, a perdu de sa valeur. Nous vivons, aujourd’hui, dans une société où les uns n’ont plus d’égard pour les libertés et les droits des autres.
Des lois et une autorité sans complaisance
Comment se conduire en société de sorte à pouvoir vivre paisiblement et préserver la quiétude ? C’est le grand défi dans cette société où, l’éducation aux valeurs du vivre-ensemble ayant failli, seule l’existence de lois et une autorité sans complaisance à les faire respecter par tous pourra désormais permettre de garantir et préserver la coexistence saine, paisible et pacifique.
Même en manifestant légitimement nos joies, nous devons être amenés à ne pas déborder et porter atteinte à la tranquillité des autres, qui méritent eux aussi d’exister, de vaquer tranquillement à leurs occupations ou peuvent vivre au même moment des instants de malheur.
Il n’y a certainement pas de mal à célébrer son mariage, selon son bon vouloir. La sobriété n’est pas forcément un mode de vie accepté par tous. Cependant, même les célébrations en grande pompe doivent connaître des limites.
Les cortèges nuptiaux, qui obstruent les voies publiques ou produisent de fortes nuisances sonores, sont des débordements qui doivent être recadrés. Des mesures doivent être prises pour que les cortèges nuptiaux se fassent désormais dans l’ordre et la discipline en respectant les règles du code de la route. Un nombre de personnes participant aux cortèges doit être fixé, au-delà duquel les mariés doivent payer des frais à la collectivité.
Des normes d’émission de décibels pour les bruits sonores occasionnés par les chants et danses doivent être établies ainsi qu’un temps pour le folklore. Des frais doivent tout aussi être imposés et payés à la collectivité pour l’occupation de l’espace public dans la disposition des bâches et autres accessoires au-delà des devantures privées des concessions.
Les autorités doivent veiller au respect strict des règles à établir en effectuant, pour l’occasion, un fort déploiement des forces de sécurité qui s’assureront qu’elles sont respectées et devront sanctionner ceux qui les enfreindront.
Le changement de comportements qu’on voudrait opérer au Mali doit être mené à la fois en sensibilisant et en faisant prévaloir l’autorité de la force publique.