La campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) a pris fin il y a quelques semaines. Au-delà de cette campagne, les violences doivent être dénoncées chaque jour. Dans certaines contrées, des femmes meurent sous les coups de leur conjoint.
Les femmes, dans certaines contrées éloignées, sont généralement celles qui subissent plus les violences basées sur le genre. La souffrance de la femme y est, très souvent, justifiée comme naturelle et normale. Elle-même trouve les choses normales même dans leur anormalité, comme les violences physiques et du verbe que subissent certaines de la part de leur conjoint.
La vie de Makouta illustre bien celle de certaines de ces femmes, qui ignorent qu’elles ont droit à une protection et une assistance. Makouta était une « tabouchie », comme on désigne les maliens nés en Côte d’Ivoire. A sa majorité, elle est rentrée au pays de ses parents. Sa vie bascule.
« Il l’a battue parce qu’elle ne lui a pas servi de l’eau pour se laver à temps »
Makouta n’était pas habituée aux travaux ménagers. Mais elle est assujettie à des corvées. Moins d’une année après son retour au village, elle est mariée dans le village voisin. Sa situation fait d’elle une privilégiée pendant un bon moment, le temps pour cette « tabouchie » de s’habituer aux dures réalités de femme au foyer dans les contrées reculées maliennes.
Après la première année de mariage, elle devait commencer ses devoirs de femme au foyer : travaux champêtres et domestiques. L’activité principale était l’agriculture. La malchance, pour elle, est d’avoir eu un mari qui n’aimait pas travailler. Donc, il fallait qu’elle travaille pour nourrir ses enfants. A défaut de pouvoir se faire aider par sa famille. Or, Makouta était presque délaissée par sa famille.
En plus d’être un « fainéant », son mari était aussi alcoolique et violent. Un comportement « qui a fini par ôter la vie à notre sœur », confie Kadia, une sœur. Elle était enceinte de son troisième enfant quand le mari, ivre, l’a battue. « Il l’a battue parce qu’elle ne lui a pas servi de l’eau pour se laver à temps. Le lendemain, elle a accouché d’un bébé mort-né. Et malheureusement, elle l’a suivi quelques heures plus tard », se souvient Kadia, encore inconsolable.
« C’est Dieu qui l’a voulu »
« Tout le monde était pourtant au courant du comportement du mari de notre sœur et de sa situation, mais personne n’a voulu l’aider. Son entourage a contribué à sa mort », regrette Tenimba, une autre sœur de la défunte.
Tout est mis sous le compte de la volonté de Dieu ou du destin. Ainsi, il n’y a pas eu de suite, car « c’est Dieu qui a voulu » qu’elle meure ainsi. Nul besoin de dire que le décès de Makouta est révoltant.
Dans les coins reculés du Mali, chaque année, de nombreuses Makouta perdent la vie sous les coups de leurs bourreaux. Mais le pire, c’est que ces derniers ne craignent pas d’être jugés et punis par une autorité compétente. Car, « c’est Dieu qui l’a voulu ».