Prise au piège dans une altercation entre un chauffeur de taxi et un policier à Kalaban, la Fille de l’Ouest (pseudo) a failli y laisser la vie. À travers son récit, elle nous montre comment certains policiers mettent en danger ceux qu’ils devraient protéger.
Je quittais le quartier de Kalaban, en commune VI de Bamako, pour l’autre côté du fleuve, à bord d’un taxi. Arrivés à un carrefour, dénué de feux de circulation, un agent gérait la circulation. Il a demandé aux conducteurs d’une voie de s’arrêter afin que ceux de la voie opposée passent.
Mais, le chauffeur du taxi dans lequel j’étais n’a pas respecté cette règle. Le policier, tout naturellement, l’a donc sifflé et lui a demandé de s’arrêter. Ce dernier n’a pas accepté et a pris la fuite sur-le-champ.
« Je suis plus délinquant que toi ! »
Une course poursuite a commencé. Le policier, à pied, a chassé le chauffeur jusqu’aux feux suivants, l’a rattrapé, a ouvert l’une des portes arrière et s’y est infiltré pendant que le chauffeur, qui s’était arrêté, a repris le chemin. Effrayée, je ne savais pas quoi faire.
« –Vous croyez être un délinquant mais je suis pire que vous monsieur, dit l’agent au chauffeur en Bambara.
– Installez-vous bien monsieur le délinquant, que je vous envoie pourrir en enfer », répondit le chauffeur.
Je suis intervenu en suppliant les deux de cesser de s’insulter comme des voyous. Je craignais pour ma vie, surtout que le policier était armé. J’ai donc demandé au chauffeur de stationner mais c’était peine perdue.
Une scène digne d’un film d’action
Ma crainte finit par devenir réalité : le policier derrière et le chauffeur devant, se sont acharnés en même temps sur le volant. Les injures qu’ils se lançaient étaient d’une violence sans pareille. La voiture zigzaguait en pleine route avec des véhicules qui roulaient de tous les côtés. Une Mercedes nous évita de justesse. Et là, j’ai crié en disant à l’agent qu’il exposait ma vie alors que son devoir était de me protéger.
Le chauffeur, à la fois apeuré et en colère, finît par s’arrêter. Il s’excusa auprès de moi pendant que je tremblais de tout mon corps. Je descendis du taxi et les deux reprirent leur altercation.
C’était désagréable. Une situation que je ne souhaite à personne, même pas à mon pire ennemi. Pourtant, ce genre de scène n’est pas rare à Bamako. C’est vrai que le chauffeur du taxi avait commis une infraction, mais je crois que l’agent aurait pu simplement prendre le numéro d’immatriculation du taxi et interpeller le propriétaire après.
Notre police a besoin de plus de professionnalisme.