#CoolAvecLaNature : Aly Sirebara, le long parcours d’un « déplacé climatique »
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#CoolAvecLaNature : Aly Sirebara, le long parcours d’un « déplacé climatique »

De Mopti en passant par Sélingué et Yanfolila, Aly Sirebara est un pêcheur issu de la communauté bozo, en constante mobilité pour échapper aux effets des changements climatiques. Un « déplacé climatique » au parcours atypique.

Dans les années 1980, Aly Sirebara quitte Dialoubé, son village natal, situé dans la région de Mopti pour fuir les séquelles de la sécheresse qui a durement éprouvé le Mali. Le jeune pécheur d’alors espérait des lendemains meilleurs à Sélingué, à plus de 700 km de sa région d’origine, où la construction du barrage hydroélectrique avait suscité un immense espoir pour le « peuple de l’eau », comme on surnomme les Bozos, communauté dont est issue Aly. « Après la mise en service du barrage, je m’en souviens comme si c’était hier. On ne pouvait rêver mieux en tant que pêcheurs. La nature était clémente, l’eau était propre et, du poisson, on pouvait en pêcher à la main », se remémore le septuagénaire

Pendant quatre années, les Bozos ont profité de l’abondance de poisson et faisaient de bonnes affaires. Sirebara évoque ce pan de sa vie avec beaucoup de nostalgie. Puis, soudain, la nature s’est dégradée, l’environnement était pollué un peu plus chaque année. Il y avait de moins en moins de poissons, l’eau du fleuve se souillait et Aly d’indexer en premier lieu les activités anthropiques.

Reconversion

A l’époque, comme alternative à la rareté des poissons, les Bozos avaient initié la création d’une coopérative des pêcheurs des huit anciennes régions du Mali exceptée Kidal. Sirebara a été désigné pour être à la tête de cette coopérative pour son sens des affaires et sa détermination.

Après un début prometteur avec des partenaires et investisseurs obtenus, des problèmes de leadership éclatent au sein de la coopérative. Il quitte la coopérative et part s’installer à Yanfolila.

« Je me suis installé à Yanfolila après 39 années vécues à Sélingué. Je n’exerçais que la pêche pour gagner ma vie. Mais ces dernières années le poisson est devenu introuvable dans le fleuve », explique celui qui est père de onze enfants dont cinq garçons, pécheurs comme lui.

Après 13 années à Yanfolila et 45 années dans la pêche, Sirebara s’est donc reconverti en cultivateur pour joindre les deux bouts. « Avec la rareté des pluies et l’infertilité des sols, les récoltes sont très maigres », déplore ce « déplacé climatique ». Et de poursuivre : « Les activités d’orpaillage traditionnel, l’utilisation de dragues à godet, le changement climatique a énormément impacté sur nos activités », déplore-t-il.

Avec le recul et au gré de ses pérégrinations, Sirebara estime que la construction des barrages empêche l’eau de circuler librement. Or sans eau, pas de poisson. Vu l’état inquiétant de l’environnement, Aly nourrit l’ambition de basculer avec ses enfants dans un autre secteur qui ne dépend pas directement des ressources naturelles, donc à l’abri des caprices du climat.


Cet article a été publié avec le soutien de l’ONG Mali-Folkecenter Nyetaa à travers le projet Innov-ReC

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