Covid-19 et bioéthique : « Beaucoup de principes ont été violés »
article comment count is: 0

Covid-19 et bioéthique : « Beaucoup de principes ont été violés »

Défenseur ardent de la dignité humaine et des droits humains, et facilitateur infatigable entre médecins et tradithérapeutes en milieu rural, l’Abbé Moïse Dembélé, prêtre, est spécialiste en bioéthique. Après une licence canonique en pastorale de la santé et bioéthique à l’Institut Camillianum à Rome, en Italie, il a ensuite poursuivi ses études au Canada et soutenu une thèse à l’Université de Montréal. Ici, il revient sur « les faiblesses » éthiques dans la lutte contre la Covid-19.

Cet article a d’abord été publié par Mali Tribune.

« Tout ce qui concerne la santé constitue un domaine d’application de la bioéthique. A regarder seulement les principes qui régissent la bioéthique, la pandémie de Covid-19 concerne d’abord l’être humain, sa santé et son bien-être dans la société. La gestion de cette pandémie implique et la société et le monde médical et les politiques », dit d’entrée de jeu Abbé Moïse Dembélé, prêtre, professeur de bioéthique et auteur du livre Bioéthique et excision au Mali : de la dignité humaine au respect de l’intégrité physique des femmes (L’Harmattan, 2016). Il est également auteur d’autres livres et articles en collectif sur le respect de la dignité humaine, sur la mort cérébrale, la santé mentale et l’éthique, la stigmatisation liée à la pandémie Covid-19.

La bioéthique concerne les problèmes de la vie, du début à la fin. Elle est une réflexion sur les progrès de la recherche dans les domaines de la technologie, de la biologie, de la médecine et de la santé, et l’impact que ces progrès peuvent avoir sur l’être humain et sur l’environnement en général. La réflexion bioéthique est « pluri- et inter- disciplinaire », et s’articule autour d’un travail commun à la croisée de plusieurs disciplines comme la science, la technologie, la philosophie, le droit, la médecine, l’anthropologie, la sociologie et même la théologie.

Un lien avec la Covid-19

Selon lui, la bioéthique a un lien avec la lutte contre Covid-19. « En prenant les principes un à un, et en essayant d’analyser les politiques de gestion de cette pandémie, en fonction des pays, on se rend compte que beaucoup de zones d’ombres interrogent la bioéthique », indique l’Abbé. Il énumère quelques exemples : les mesures barrières, la distanciation sociale, le confinement, l’isolement des malades de Covid-19.

« Est-ce que la mise en place de ces mesures a respecté la dignité des personnes ? Toutes les scènes de stigmatisations liées à ces mesures, n’ont–elles pas porté atteinte à la dignité humaine des personnes victimes ? Comment dans la gestion d’une pandémie, on peut écarter les cliniciens qui ont mis l’accent sur la dimension curative, au profit du point de vue des firmes pharmaceutiques ? Par rapport aux vaccins : quand les fabricants déclinent toutes leurs responsabilités par rapport aux conséquences à long terme de leurs produits, où est le principe de bienfaisance et non-malfaisance ? Où est la place du principe de responsabilité sociale qui implique les États et la société civile ? Avec la censure et l’absence totale de tout débat scientifique sur ces vaccins, où est le respect du consentement éclairé des personnes qui se font vaccinées ? Jusqu’à aujourd’hui, qui peut dire scientifiquement que les vaccins administrés aux populations les protègent pour tel ou tel nombre de mois ou d’année ? Quelles sont réellement les conséquences à long terme ? », S’interroge-t-il.

Violation de l’éthique de la médecine  

L’Abbé Dembélé rappelle que « les premières doses de vaccin ont été administrées officiellement le 8 décembre 2020 à partir de communiqué de presse et non à partir des résultats scientifiques d’expertises et contre-expertises ». « Ce qui est une violation de l’éthique de la médecine, qui exige d’abord des résultats scientifiques avec expertises et contre-expertises. Le respect de cette dimension permettrait d’identifier les conséquences à court et à long termes des vaccins et de leur efficacité…Ce qui n’a pas été fait. », insiste-t-il.

En plus, il s’interroge sur les « consentements éclairés » des personnes vaccinées. « Quant à la répartition des vaccins, regardez bien si les principes de solidarité, de justice, d’égalité et d’équité ont été respectés. Vaccins plus chers pour les pays riches et vaccins moins chers pour les pays pauvres, et certains de ces vaccins ne sont pas reconnus par l’Union européenne. Je peux en dire long. C’est pour dire que la bioéthique (et l’éthique en général), dans la gestion de la pandémie Covid-19, a été violée dans beaucoup de ses principes ».


  • Cet article a été publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion