Depuis l’apparition de la Covid-19 sur le territoire malien, des mesures préventives ont été édictées par les autorités pour éviter sa propagation. Cependant, dans les zones d’orpaillage, le temps est à la défiance à l’égard de ces mesures.
Au Mali, le nombre de personnes testées positives n’arrête pas d’augmenter. La barre des 2 000 cas est déjà atteinte en seulement quelques mois. Pourtant, les campagnes de sensibilisation ont été lancées avant même les premiers cas déclarés au Mali.
Sur les sites où est pratiqué l’orpaillage artisanal, les mesures barrières ne disent rien à ceux qui y vivent. Rien n’a changé : les mouvements continuent, les maquis restent ouverts, d’autres activités y sont menées.
Le triomphe des infox
Dans plusieurs localités du cercle de Kangaba, non loin de la frontière avec la République de Guinée, les mesures barrières n’y sont pas appliquées : les attroupements continuent, le port du masque, le lavage des mains au savon sont des pratiques ignorées. Les frontières poreuses, entre le Mali et la Guinée reçoivent chaque jour des centaines de personnes.
Si en ville les mesures barrières sont moins respectées, dans les localités éloignées, on nie catégoriquement l’existence de la maladie. « C’est juste un projet mis en place par le gouvernement pour se faire de l’argent. Cette maladie ne peut pas résister sous notre soleil de plomb », estime Bourama, un acheteur d’or qui fait la navette entre ces localités et Bamako. Pour lui, ce virus ne peut pas effrayer les orpailleurs qui affrontent quotidiennement la mort pour survivre.
L’inquiétude face au pire
Cependant, une psychose chamboule les personnes conscientes de la menace du virus. Pour ces derniers, l’apparition du virus dans ces lieux sera une hécatombe indescriptible. Kadja, vendeuse de nourriture dans la zone d’orpaillage, a peur également des conséquences économiques : « J’ai peur, car les temps sont durs maintenant. Si cette maladie frappe à notre porte, c’est tout le monde qui sera touché. Il est difficile de respecter les mesures édictées. Les attroupements font partie de l’activité d’orpaillage ».
Pire, le port du masque est quasi impossible dans des zones où l’extraction de l’or se fait de façon artisanale : « Il est impossible de porter un cache-nez pour creuser un trou d’environ six mètres de profondeur. Dans ces trous, il est difficile d’avoir de l’air pur à respirer. Porter un masque, c’est provoquer sa propre mort », explique Alou Diawara, un orpailleur.
Selon lui, même si le respect des mesures devenait obligatoire sur toute l’étendue du territoire, il n’y aurait personne pour l’exiger dans les zones d’orpaillage : « Nous avons entendu parler de couvre-feu décrété sur toute l’étendue du territoire au Mali, mais il n’a jamais été appliqué ici par les gendarmes. Les gens vaquaient à leurs occupations, et pendant toute la nuit les bars sont restés ouverts », ajoute-t-il.
Par ailleurs, même le simple fait de se laver les mains avec de l’eau et du savon est vu comme un comportement de toubab. Il est donc difficile, pour les orpailleurs, d’appliquer les gestes barrières. Le travail journalier auquel ils sont soumis ne le permet pas.
Face à la persistance du non-respect des barrières dans ces zones, il urge de procéder à des sensibilisations sur les sites d’orpaillage. Autrement, on fera face au pire.