Donner la vie est toujours un évènement heureux, mais surtout un combat pour les femmes. Elles ont besoin d’une assistance particulière. Malheureusement, à cause de la terreur liée à la Covid-19, la prise en charge s’avère compliquée pour certaines femmes.
Le 7 avril 2020, Awa, 30 ans et enceinte de 8 mois, avait commencé à sentir des douleurs. Quelques heures plus tard, elle est transportée par sa belle-mère et son mari dans un hôpital pour une prise en charge rapide, car les douleurs devenaient insoutenables.
« Nous sommes arrivés en taxi, raconte sa belle-mère. Et une fois devant l’hôpital, je suis descendue vite pour demander de l’aide mais j’avais l’impression que les médecins nous fuyaient. Une demi-heure après, je cherchais toujours un seul médecin pour nous aider. »
Elle était en pleurs lorsqu’un infirmier lui a fait savoir que c’était à cause de la nouvelle maladie à coronavirus. « Tout le monde a peur d’approcher les malades non testés, je vous conseille de vous rendre dans un CHU », aurait suggéré l’infirmier.
Césarienne d’urgence
La belle-mère d’Awa explique que, malgré leur grand désespoir, ils ont pris la route d’un Centre hospitalier universitaire, à quelques minutes de l’hôpital. « Awa continuait de souffrir », confie son mari Drissa. Une fois au CHU, rebelote : « Il a fallu devenir hystérique pour qu’on nous regarde », ajoute Drissa.
« Avant de la toucher, la première question a été de savoir si son entourage la soupçonnait d’être contaminée à la Covid-19. Tout en pleurs, je leur ai dit qu’elle était enceinte et qu’elle venait de perdre connaissance. Ceci à cause de la douleur qu’elle avait supportée jusque-là », poursuit la belle-mère. Awa a finalement été prise en charge, « mais pas à temps », déplore sa belle-mère. Affaiblie et inconsciente, elle a subi une césarienne d’urgence. Mais, quelques minutes plus tard, il a été annoncé qu’elle et l’enfant ne s’en étaient pas sortis et y avaient laissé leur vie.
Peur de la Covid-19
Awa n’est pas morte à la suite d’un accouchement. Elle est décédée car la peur de la Covid-19 rôde dans les hôpitaux et affecte le travail des médecins et, par ricochet, le droit à la santé. « Un médecin non outillé qui ne fuit pas un cas suspect de Covid-19 est un suicidaire », laisse entendre Djimé Kanté du Comité syndical du Centre hospitalier universitaire Gabriel Touré, qui ajoute qu’aucune situation similaire à celle d’Awa ne lui a été rapportée. Au début de la pandémie, il affirme avoir « invité à travers une vidéo les travailleurs du Centre hospitalier universitaire Gabriel Touré à ne prendre aucun risque », pointant le « manque de simple gants et d’alcool à l’hôpital ».
À cela, vient s’ajouter un problème inquiétant : « Très souvent, les gens suspects viennent comme des malades ordinaires, s’asseyent en face du médecin pour ensuite commencer à expliquer qu’ils sont suspects. Alors qu’ils doivent mettre une distance, et le médecin va porter des combinaison de masques et tout ce qu’il faut pour ne pas attraper la maladie. Il ne faut pas oublier qu’un médecin contaminé, c’est vraiment une grande partie de la population qui peut être exposée parce qu’il y a beaucoup de gens qui viennent vers le médecin qui consulte même à la maison », poursuit le syndicaliste.
À mon avis, ce ne sont pas les médecins qui sont à blâmer mais le système sanitaire. Car les malades ont peur de se présenter soit à cause de la peur d’être négligés, soit contaminés tout comme les médecins. Pour éviter que d’autres femmes perdent la vie en la donnant, en cette période de crise sanitaire, il est impératif qu’une campagne de sensibilisation soit faite pour la prise en charge effective de tous les malades, principalement des femmes dont la grossesse est arrivée à terme.
La population doit être sensibilisée par rapport au covid-19