La Covid-19 aura des conséquences à long terme sur les filles, selon l’ONG Save the Children, qui alerte sur le risque de violences basées sur le genre et de mariages d’enfants en cette période de pandémie.
De nombreux articles, rapports et études ont traité des conséquences immédiates de la Covid-19 et de la manière dont elle renforce et exacerbe la violence basée sur le genre (VBG). Mais qu’en est-il de ses effets à long terme sur les adolescentes ? C’est ce que détaille un article de l’ONG Save the Children, publié début octobre. Les prévisions sont effrayantes.
La Covid-19 a négativement impacté l’économie mondiale, en particulier dans les pays pauvres. Cependant, même si de nombreuses filles ne sont pas encore en âge de chercher des biens, elles sont touchées par l’impact économique de la Covid-19. Selon Save the children, en plus de la précarité provoquée par la pandémie, l’insécurité alimentaire, l’incapacité des parents à s’occuper de leurs enfants ont contraint de nombreuses jeunes filles à abandonner l’école pour aider à subvenir aux besoins de la famille.
Progrès bouleversés
« La pandémie signifie que de plus en plus de familles sont poussées dans la pauvreté, obligeant de nombreuses filles à travailler pour soutenir leur famille, à se priver de nourriture, à devenir les principales soignantes des membres malades de la famille et à abandonner l’école – avec beaucoup moins de chances que les garçons d’y retourner un jour », explique Inger Ashing, directrice générale de Save the Children International. Qui redoute que la maladie à coronavirus ne bouleverse des décennies de progrès en matière de scolarisation des filles.
Outre l’entrave de leur droit à l’éducation , les filles sont exposées aux violences sexuelles en cette période de pandémie. Ce type de violence a fait de nombreuses victimes avant la pandémie. « On estime qu’une fille sur dix dans le monde a été violée ou a subi des violences sexuelles de la part d’un petit ami ou d’un mari, actuel ou ancien. Le coronavirus a maintenant entraîné une augmentation des signalements de VBG dans le monde entier », s’inquiète l’ONG.
Prioriser les filles
Selon les prévisions de l’organisation non gouvernementale, en 2020, 500 000 filles risquent d’être victimes de VBG à travers le monde. Tandis que le nombre de mariages d’enfants devrait atteindre 61 millions à l’horizon 2025. Avec un risque plus élevé pour les filles en situation difficile, notamment en Afrique de l’Ouest, confrontée aux maladies, aux guerres et à la pression climatique. Ce qui va « inverser 25 années de progrès, qui ont vu le taux de mariage d’enfants diminuer », s’alarme l’organisation de protection de l’enfance.
Avec l’exposition au mariage forcé et aux abus sexuels, la grossesse est l’une des conséquences redoutées par les défenseurs des droits de l’enfant. En effet, la pandémie exposera de nombreuses filles à des grossesses avec un million de filles supplémentaires qui risquent de tomber enceinte en 2020. Là encore, l’Afrique de l’Ouest et du Centre arrivent en pole position avec un cumul de 260 000 grossesses d’enfants, juste derrière l’Afrique de l’Est et du Sud avec 282 000 grossesses d’enfants. Il faut donc s’attendre à ce que ces filles soient exposées aux conséquences connues des grossesses, la mortalité maternelle et enfantine, les fistules, l’abandon scolaire, etc.
Save the Children recommande aux États de recourir à des réformes législatives et à des plans d’action nationaux pour protéger les enfants contre les effets de la pandémie. En priorisant les filles dans la prévention et la lutte contre la Covid-19. Surtout agir vite pour mettre fin au mariage des enfants et d’autres violences basées sur le genre, en investissant dans les filles.