Dans ce second billet sur l’insalubrité à Bamako, le chroniqueur et éditorialiste Adam Thiam démontre que le problème est lié à l’incivisme des citoyens et au laxisme des autorités.
On va finir par me demander de quoi je mêle ! Et à croire que je n’ai pas plus d’inspiration que de cheveux sur mon crane, ou que je sers les intérêts de X dans la croisade sur le sujet gênant des immondices, ou peut-être que j’ai une attraction incurable -qui ne peut être guéri, pas curé- pour le débat de… caniveau.
Tant pis ! Le pays, c’est à nous tous, pas plus à l’un qu’à l’autre. Nous sommes à égale obligation de le faire. Pour être exact, de le refaire, car ce qui se passe sous nos yeux est la preuve regrettable que des piliers entiers de l’édifice commun sont en train de céder et qu’en cédant, ils nous entraînent non pas vers les sommets que nous avons mission de viser pour nos enfants et pour notre honneur mais vers le fond, là où les médiocres se donnent rendez-vous.
Abattoir à ciel ouvert
Sinon, il n’est pas possible qu’après la tragédie qui a coûté la vie à plusieurs de nos compatriotes, l’on se limite à curer les caniveaux—faites un tour à Ngolonina ou ailleurs— et à laisser les déchets sur les rebords des fossés, quitte à ce que les prochaines pluies les remettent là où ils étaient ! Sinon, ce n’est pas possible que la Place CAN, à ACI 2000, devienne un abattoir à ciel ouvert de bœufs, fussent-ils égorgés pour la fête de Ramadan ! Sinon ce n’est pas possible que les caméras nationales soient promenées sur ces lieux de carnage non pas pour souligner le problème de santé publique qu’ils peuvent poser mais pour faire des reportages exotiques sur cette nouvelle tontine de la protéine. Sinon, tant d’odeurs ne peuvent émaner d’une seule ville, offerte aux motos sans frein, roulant à tombeau ouvert au milieu de la voie, sous les klaxons de sotramas et de taxis déglingués, mais qui ont le visa de la visite technique.