Si la fausse couche est une étape douloureuse que certaines femmes traversent dans leur vie, la douleur est aussi partagée par les hommes. Le blogueur Youssouf Cissé raconte sa propre expérience.
S’il y a un problème qui peut le plus atteindre un homme, c’est celui qui concerne sa famille : sa femme en premier. Car le mariage est l’union sacrée par laquelle la femme quitte sa famille pour rejoindre celle de son mari. Néanmoins, lorsque votre femme traverse l’expérience d’une fausse couche, vous vous sentez inutile au plus profond de vous, car incapable de faire grand-chose pour lui venir en aide au moment où elle a besoin de vous.
Lorsque j’ai appris que ma femme avait fait une fausse couche, j’ai eu l’effet d’un couteau planté dans le cœur. Comme si le ciel m’était tombé dessus. Nous avions juste quelques mois de mariage. C’est lors d’un séjour dans sa famille paternelle qu’elle a fait une fausse couche, mais personne n’a osé me le dire.
Être là pour elle
C’est par inadvertance qu’un membre de sa famille me l’a annoncé. Ce jour-là, je me suis senti inutile, car ne pouvant rien faire pour lui venir en aide. Dès lors, plusieurs questions me taraudaient : est-ce une conséquence d’actes que j’aurais posés ? Ai-je été marabouté par mes ex-copines ? Serais-je un jour père si, déjà, ma femme perdait sa première grossesse ?
A côté de ma souffrance, il fallait aussi que je sois fort pour soutenir ma femme, la comprendre et être là pour elle. Même si elle souffrait dans son corps, moi aussi, j’étais blessé jusque dans l’âme. C’est une épreuve difficile à vivre. Mais mon cas est loin d’être isolé. « J’ai beaucoup souffert de voir ma femme pleurer chaque soir après sa fausse couche. Il a fallu l’envoyer chez ses parents un moment afin qu’elle retrouve ses esprits. En ce moment, tout seul à la maison, je me morfondais chaque soir dans un coin, tout seul, après avoir joué à l’homme fort devant mes amis et la famille de ma femme », me confie Salmane Ould, un ami.
Se sentir coupable
La fausse couche pèse en premier sur la femme. Mais l’homme également peut être amené à s’interroger sur sa part de responsabilité dans cet évènement malheureux. Aliou Alpha est père de 4 enfants dont deux jumelles. Sa femme a fait deux fausses couches successives dont il s’est toujours senti responsable. « Avant que ma femme ne tombe malade, explique-t-il, tout se passait bien. Avant d’être gratifié d’une première grossesse arrivée à terme, je m’étais posé toutes les questions. Je n’avais rien à reprocher à ma femme, mais plutôt à moi-même. Je croyais être la source du problème. »
Communiquer
Pour gérer le supplice que fait vivre cette épreuve, un climat de communication doit s’instaurer dans le couple. Il permettra de déterminer les causes qui ont pu y conduire. « Les jeunes mariés ne prennent pas très souvent soin de leurs femmes, rappelle Almoudou Dicko, un vieux notable de Tombouctou. Dans le temps, on nous enseignait que la femme est un grand enfant dont il faut satisfaire les caprices. Un petit cadeau la nuit, une tape pour dire qu’on n’est pas fâché. Les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas cela. Lorsque la femme enceinte ne parvient pas satisfaire même un petit désir, cela pourra jouer sur sa grossesse et provoquer une fausse couche. »