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Au grin, la vie est belle pour tout le monde

Assis en petit comité ou en groupe, on les aperçoit chaque jour de la semaine. Un seul lieu : les rues ou les devantures des maisons. Dans le jargon malien, on l’appelle le grin (groupe informel de discussion), un mot qu’on ne trouve nulle part dans un dictionnaire de la langue française. Pourtant, il s’est fait une place de choix dans notre société. Il s’agit d’un espace de causeries où se regroupent jeunes, vieux et parfois des femmes, nous explique la blogueuse Fatim Touré.

Que vous soyez amateurs ou non, difficile de passer sans remarquer des jeunes faisant le grin, discutant presque de tous les sujets en sirotant du thé.

« Le grin, c’est en quelque sorte un ghetto pour nous, un lieu de rassemblement entre amis, témoigne Ousmane Hama, un habitué. Se voir, prendre les nouvelles des uns et des autres, surtout autour d’un thé ou autre chose, selon les préférences des uns et des autres. Nous partageons ainsi des moments de détente et de convivialité. »

Pour beaucoup, le grin constitue une seconde famille.  L’élément déclencheur est le thé vert qui permet de garder pendant plusieurs heures les personnes autour du grin. Difficile le plus souvent d’y rassembler des personnes sans théière.

Aucun sujet n’est tabou

Faire partie d’un grin au Mali, c’est presque accepter de discuter de tous les sujets sans tabou. Tout le monde est presque de la même génération, le plus souvent. Qu’il s’agisse de sujets personnels, professionnels ou même d’une actualité banale, tout est à débattre.

« Au grin, nos débats sont parfois houleux, au point d’attirer l’attention des personnes étrangères à ce cercle de causeries. Des sujets sans tabou, les meufs, la politique, la drogue, l’argent, l’école, l’État etc. Le grin est pour nous une échappatoire. Un lieu où on peut se défouler, changer d’air et se sentir libre », ajoute Ousmane Hamma.

On y évoque les déceptions amoureuses et même le nombre de filles courtisées ou le genre de fille que chacun veut conquérir.

Une perte de temps ?

Pour beaucoup, cet espace d’échanges est très chronophage. Comme Harouna Touré, certains pensent que le grin n’est pas le lieu indiqué pour les personnes qui veulent réussir ou être utiles à leur communauté :

« Le grin suscite chez beaucoup de jeunes la paresse, déplore-t-il. Certains y passent le plus clair de leur temps, prétextant qu’il n’y a rien pour eux dans la société. La plupart développe de la haine envers l’État, alors qu’ils sont eux-mêmes responsables de leurs échecs. On fait alors face à des discours anarchistes et révolutionnaires en dénigrant le pouvoir en place ».

Une famille

Au grin, on accueille tout le monde. Pas besoin d’un carton d’invitation. Même les cadets peuvent rejoindre le cercle. Ils sont acceptés, car ils peuvent être utiles aux autres. Leur rôle est majeur. Ils contribuent à la préparation du thé, font les petites commissions. Ils font même office d’entremetteurs lorsqu’il s’agit pour leurs aînés de draguer une fille qui passe.

Cela semble très drôle, pourtant c’est le quotidien dans beaucoup de grins. Les femmes, quant à elles, s’occupent des organisations festives lorsqu’il y a un événement heureux au sein du grin.

Pour nombre de gens, le grin est un vivier pour des politiciens véreux qui manipulent les jeunes sans emploi. Bon nombre de grins sont parrainés par des hommes politiques, qui y promettent monts et merveilles aux jeunes.  Ce lieu est aussi la cible de malfaiteurs ou petits bandits. Certains cherchent au sein de ces grins des renforts pour des affaires louches.

Le grin est  donc devenue une habitude malienne dont la disparition n’est pas pour demain.  Aux jeunes, il procure de la joie, de la tranquillité, de l’espoir pour des lendemains meilleurs.

Il montre  aussi l’image d’une jeunesse  soudée. Tout le monde y trouve son compte : chômeurs et travailleurs. En tout cas, seul ou accompagné, avec un thé et quelques morceaux de sucre, la vie est belle pour un fanatique du grin.

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Les commentaires récents (14)

    1. C’est vrai que la plupart des délinquants se forment au grin. Meme s’il faut admettre que c’est un bon moyen pour favoriser la cohésion et l’entente sociale. L’Etat ne peut gérer tout cela madame, c’est a la population de prendre des mesures en ce qui concerne les mauvaise pratiques dans ces grins comme la consommation de certains substances. Merci.

  1. Hello Fatima!
    Chez nous au Togo, on ne connait pas vraiment le Grin, et comme tu l’as dis la definition ne figure pas dans le dico. Nous, nous somme plutot restau entre jeune, maquis, ou plage, il est rare de voir des jeunes assis dans la rue autour d’un fourneau. J’apprecie l’image que tu donne du mali a travers cet artcile, il en a bien besoin vu sa reputation anterieure de geurre et d’instabilite. bref j’espere venir faire un tour chez toi au Mali et boire du the dans un grin. chapo pour l’article.

  2. Tu viens de donnée la définition de grin,
    Mais attention le grin est super important.
    Ya grin,ghetto,réseau donc au Mali ont fait pas la différence!!!

  3. Tu viens de donnée la définition de grin,
    Mais attention le grin est super important.
    Ya grin,ghetto,réseau donc au Mali ont fait pas la différence!!!

  4. Le grain c’est une famille pour moi, c’est eux qui me soutiennent quand je vais pas bien, c’est eux qui me comprennent..
    Le nôtre c’est le 6k’Family, respect à eux

  5. Lolll le grin c’est surtout le meilleur endroit pour parler des autres et travestir la realite au profit de notre de notre interet intime soigneusement cache aux vu des autres…. lolll le grin c’est aussi une mafia