La vie des patients n’est plus une priorité pour les agents de santé de l’hôpital de Gao. Ils foulent au pied les règles éthiques et déontologiques au grand désarroi des malades qui viennent en grand nombre chaque matin. Aucun patient ne sort sans se plaindre des conditions d’accueil au sein de cette structure, écrit le blogueur Soummah Yoro Maïga.
C’est à une procession de patients qu’on assiste chaque matin, dès l’aube, dans un hôpital qui n’ouvre qu’à partir de 8 heures. Dans le souci d’être servi le premier, des centaines de patients prennent d’assaut le centre hospitalier de la cité des Askia, avant même le premier chant du coq. La centaine de patients doivent patienter devant un seul guichet avant d’être servis selon l’humeur des médecins traitants.
La Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM), elle aussi, ne dispose que d’un seul guichet. Là également, c’est la file indienne qui constitue le quotidien des populations venus soulager leur peine. Le calvaire des patients se rallonge également devant les salles de consultation. Il faut des heures, voire des jours pour voir un médecin.
Les agents de santé préfèrent travailler dans les ONG
Les agents de santé de l’hôpital de Gao sont tout le temps absents de leurs postes. La plupart des médecins affectés dans la région de Gao préfèrent travailler dans les ONG. Beaucoup sont recrutés par le CICR et d’autres ONG locales qui les payent mieux. Le peu d’agents qui restent au sein de l’hôpital ne sont pas qualifiés pour satisfaire l’ensemble des patients qui viennent par centaine chaque jour.
Même quand ils sont présents, le service rendu aux patients dépend de leur humeur du jour. Ils préfèrent se donner en spectacle dans nos structures de santé, rire à gorge déployée dans les couloirs sombres de l’hôpital et discuter autour de feuilletons et de soirées.
Des morts qui auraient pu être sauvés
Comme il faut s’y attendre, cette négligence occasionne des morts qui auraient pu être sauvés. C’est le cas d’un migrant gravement blessé qui est venu récemment aux urgences. « Il a passé plusieurs heures dans un couloir de l’hôpital sans prise en charge parce personne ne le connaissait. C’est après que le CICR l’a pris en charge. Mais il était trop tard. Il a finalement rendu l’âme le lendemain », témoigne avec amertume un jeune homme.
La situation de cet hôpital inspire la colère aux gens de Gao. «Il faut vraiment que cette situation change. Autrement, nous allons entreprendre des actions pour changer nous-mêmes la donne », prévient Ismael Maïga, un jeune leader de la ville.