Malentendants et sourds-muets : les laissés-pour-compte de la lutte contre la Covid-19
article comment count is: 0

Malentendants et sourds-muets : les laissés-pour-compte de la lutte contre la Covid-19

Au Mali, depuis mars 2020, les malentendants semblent être les laissés-pour-compte de la lutte contre la Covid-19.

Cet article a d’abord publié par Mali Tribune.

La Covid-19 sévit au Mali déjà depuis plus d’un an. Le pays est à sa 2e phase de la campagne de vaccination. Cependant, l’Association des sourds-muets semblent être oubliée. Depuis l’avènement de la Covid-19 dans notre pays, l’État a multiplié les campagnes de sensibilisation sur les télévisions, dans les radios. Ces messages ne sont pas accessibles aux malentendants et sourds-muets. Aucun langage des signes n’est utilisé, malgré les multiples demandes de ces victimes de handicap.

Besoin d’interprète

Selon la présidente du comité des femmes sourdes, Balkissa Maïga, « depuis que le coronavirus est survenu au Mali en 2020, l’association des sourds-muets, plus précisément les femmes malentendantes se sont organisées pour faire des projets, soumis aux partenaires privés et étatiques ».

Malheureusement, les sourds-muets n’ont pas été pris en compte dans les financements décaissés. « Nous avons cotisé nous-mêmes afin de faire les premières campagnes de sensibilisation en septembre 2020. Nous avons reçu de l’Union des femmes handicapées du Mali des kits de lavage des mains, des masques, du gel hydro-alcoolique », explique Balkissa Maïga.

« Nous avons émis le besoin d’interprète pour pouvoir véhiculer les messages de sensibilisation au niveau de la télévision nationale afin de pouvoir sensibiliser les malentendants. Malheureusement, ça n’a pas été accepté. Après cela, l’association des femmes sourdes a reçu l’appui du comité scolaire de l’école des déficients auditifs. Une aide financière qui  a permis de mener des activités de sensibilisation à Bamako, à Kita et Ségou. Compte tenu de l’enveloppe, nous nous sommes limités à ces localités », détaille la présidente.

Suivre les programmes

Au Mali, il existe 8 localités dans lesquelles se trouvent des écoles de sourds-muets. L’association aurait aimé étendre ses activités de sensibilisation à ses localités, mais, souligne la présidente, « faute de moyens [elle n’a] pu faire que deux sur ces 8 ». « Nous aurions voulu continuer cette formation dans les autres régions, car les messages véhiculés dans nos médias ne sont pas accessibles aux sourds. A ce jour, dans nos régions, certains sourds ne savent toujours pas ce qu’est le coronavirus », insiste Balkissa Maïga.

Un responsable de l’ORTM, la chaine nationale, reconnaît avoir eu des « discussions » avec l’Association des sourds-muets pour leur permettre de suivre les grands programmes, le journal télévisé et les programmes de sensibilisation. « Quand la Covid-19 a commencé, ils sont venus nous voir pour pouvoir communiquer en participant aux campagnes de sensibilisation. Nous avions même commencé des essais avec eux. Après, ils ont exigé que l’on recrute deux de leurs interprètes du langage des signes et c’est à ce niveau que nos négociations se sont arrêtées », explique notre interlocuteur.


  • Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion