Le Groupe de réflexions, d’analyses et d’initiatives novatrices (GRAIN) a initié une série de réflexions sur le renouveau de la gouvernance au Mali, pour faire face à l’instabilité récurrente.
La refondation du Mali était au menu d’une table ronde de deux jours qui a réuni le week-end dernier hommes politiques, acteurs de la société civile et organisations non gouvernementales à Bamako, la capitale malienne.
D’entrée de jeu, Ousmane Sy, ancien ministre et ancien secrétaire général de la présidence a donné le ton : « Pour bâtir l’approche d’une refondation, il faut une innovation dans tous les secteurs étatiques et mettre en place des discussions afin d’en tirer profit.» A cela s’ajoute, selon lui, un défi majeur qui est la nature, la forme et l’organisation étatique.
Pour l’ex-ministre de la décentralisation et des collectivités territoriales, les différentes crises ont eu un impact sur l’État. « Nous assistons à la perte progressive de l’État sur les territoires régionaux. Quand on est dans le microcosme bamakois, on oublie que le Mali est une combinaison de territoires régionaux et locaux ».
« Bâtir un État moderne et fort »
Avant de déplorer une société gangrenée par la corruption, des « petits arrangements » et l’incivisme. Des maux qui émiettent le Mali, estime celui qu’on considère comme le « père de la décentralisation » au Mali. Par ailleurs, il propose une révision dans tous les secteurs de développement.
« La démocratie malienne doit tenir compte de la place des traditions, des autorités coutumières et des valeurs si nous voulons bâtir un État moderne et fort », plaide Mossadeck Bally, le directeur général du groupe Azalai Hôtels et membre fondateur du GRAIN.
Par ailleurs, Habib Ouane, l’ancien ministre de l’énergie et de l’eau, a tiré la sonnette d’alarme sur la mauvaise gestion de la ressource interne pour le financement du développement. Ensuite, il dénonce la dépendance vis-à-vis de l’aide étrangère qui, à son avis, doit cesser.
A cet effet, il encourage une réforme fiscale vigoureuse, mais aussi des innovations en matière de gestion des ressources : « La bonne gestion des ressources minière et naturelle nous permettra d’avoir un ensemble de mesures importantes et susceptibles de permettre au pays d’accroitre ses revenus dans la durée et dans la stabilité.»
Renouveau du Malien
Aussi, des diplomates et partenaires stratégiques du Mali ont partagé leur vision de la refondation au cours des deux jours d’échanges. L’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, a surtout mis l’accent sur la décentralisation et le nouveau citoyen malien. « Vous avez des institutions, qui, à mon avis, peuvent être parfaites. Mais si elles ne sont pas respectées, contrôlées, il n’y aura pas de refondation », prévient-il.
M Bart Ouvry, l’ambassadeur de l’Union européenne, attire quant à lui l’attention sur la crise de confiance. « Nous avons de bons projets mais la politique qui doit promouvoir ces projets n’est pas en place », déplore-t-il, tout en exhortant à mettre en place des contrepouvoirs dans tous les secteurs en vue de la refondation du Mali.