Pour combattre le harcèlement, le blogueur Lamissa Diarra propose d’insister sur l’éducation, notamment dans les familles.
Dans les rues, en route pour des commissions, sur le chemin de l’école ou simplement en promenade, certaines de nos sœurs sont interpéléés à coup de sifflet indécent, suivies et souvent agressées par des jeunes hommes qui cherchent à les aborder.
Il est difficile d’être une jeune femme dans notre société. Pouvoir circuler librement dans les rues peut devenir un sérieux problème pour certaines. Regards abusés, provocations, harcèlements : des jeunes dames sont poursuivies, harcelées, intimidées et même agressées par des hommes cherchant à les aborder.
Le harcèlement sexuel peut prendre des formes variées : propos ou attitudes à caractère sexuel répétés qui mettent mal à l’aise, insultes, attouchements et caresses non désirés des parties intimes, frottage, baisers…
Cela concerne aussi les avances sexuelles insistantes malgré un refus ou des suivis insistants dans la rue.
Dans la rue
Awa Mallé, la vingtaine, raconte : « Quand je rentrais de l’école, j’ai une fois été appelée par un groupe de jeunes garçons assis dans un grin. Ils ont persisté, je n’ai pas réagi. Au final, un jeune du groupe s’est levé et m’a suivie. Arrivé à mon niveau, il m’a donné une gifle avant de me traiter ensuite d’impoli. »
Un acte que le jeune homme a regretté amèrement. Parce qu’Awa et ses parents ont porté plainte contre lui. « Après son interpellation, les parents du jeune garçon sont venus nous supplier. Ce que nous avons fini par faire. C’est comme ça qu’il a été relâché », explique-t-elle.
Le cas d’Awa n’est pas isolé. Elizabeth Coulibaly, étudiante à Bamako, témoigne avoir été également victime de harcèlement dans la rue : « Deux jeunes hommes ont tenté de m’aborder dans la rue une fois en début de soirée. Je ne leur ai pas répondu. Ils n’ont pas voulu me lâcher et m’ont suivie jusque dans notre rue, certainement pour identifier notre domicile ». Arrivée à la maison, Elizabeth affirme avoir informé ses frères qui sont sortis pour rechercher les deux jeunes, qui « ont pris la poudre d’escampette dès qu’ils ont aperçu [ses] frères ».
Punir ces agissements
De tels comportements sont devenus très courants à l’endroit de nos sœurs. Cela renvoie toujours à la question de l’éducation dans notre pays. Devant de tels comportements, les parents, particulièrement de jeunes filles, voient leurs progénitures maltraitées au quotidien. Pour certains parents, à l’exemple de Moriba Traoré, dans l’immédiat il faut amener les jeunes filles à se protéger et à s’auto-défendre. Lui qui a inscrit toutes ces trois filles à une école d’arts martiaux déclare que face aux attaques, il faut d’ores et déjà qu’elles réagissent au mal subi. Plus tard, on pourra s’adresser à la police.
Il faut particulièrement insister sur l’éducation dans nos familles, c’est la base. Ensuite, il faut réellement penser à pénaliser ces agissements qui font de plus en plus de victimes parmi la couche féminine dans notre société. Jusque-là, dans le Code pénal malien, il n’y a pas de disposition consacrée au harcèlement. Notons déjà que 45% de femmes maliennes ont déjà subi des actes de violence sexuelle, y compris les cas de harcèlement, d’agressions physique et sexuelle.