Sur les sites d’orpaillage, à Kéniéba, dans la region de Kayes, les populations sont confrontées à une insécurité grandissante. C’est à croire qu’orpaillage rime avec insécurité.
En raison de la source d’enrichissement qu’est l’orpaillage et la libre circulation des armes légères, le banditisme prend de l’ampleur dans la zone aurifère de Kéniéba. Toute personne susceptible de détenir une certaine richesse est ciblée. Il y a comme interdiction d’être riche ou d’en être soupçonné.
Facile d’accès, sans contrôle, la zone est une destination prisée. A cause de l’or, ce métal précieux, des attaques souvent meurtrières y sont menées. En plus des pertes matérielles, il y a également celles en vies humaines.
Dépossédé de ses biens
Un cas récent a eu lieu dans la localité de Kofing, dans la commune de Sitakily (cercle de Kéniéba.) Bambo Sissoko en a été victime. Alors qu’il rentrait d’une opération d’échange d’or, quatre hommes armés lui ont coupé la route et l’ont forcé à donner tout ce qu’il possédait. Ne voulant pas céder, il a juré de n’avoir rien sur lui, cachant ce qu’il possédait. Blessé par balles, ils ont réussi à le déposséder de ses biens.
Retrouvé par un dozo (chasseur traditionnel), Bambo a été transporté en urgence au Centre de santé de référence de Kéniéba où les médecins ont refusé de le toucher sans l’ordre de la gendarmerie. Et il a succombé à ses blessures. D’après certains témoignages, il aurait reçu trois balles dont une dans la poitrine.
Le cas de Bambo n’est pas isolé. Même si les marchands d’or sont les plus visés, les vols à main armée n’épargnent personne. On y perd tout souvent. C’est le cas de Moussa et de son ami. Alors qu’ils étaient sortis tôt pour un voyage, ils dépouillés de leur moto, leur porte-monnaie ainsi que leurs téléphones : « A la moindre résistance, ils pouvaient se servir de leurs armes. Il ne fallait pas prendre de risques inutiles. », dit-t-il.
Faganda, un autre marchand d’or, raconte sa mésaventure : « Je revenais du site pour un traitement vers 22 heures, lorsque je me suis rendu compte que j’étais suivi par deux jeunes à moto. Arrivés à mon niveau, ils m’ont ordonné de m’arrêter mais je n’ai pas voulu. Ils m’ont poursuivi. Ma chance a été de tomber sur des jeunes retardés sur le site qui rentraient aussi. Mes pourchasseurs ont changé d’itinéraire. »
Lutte contre la prolifération des armes légères
Cette situation d’insécurité s’étend, au-delà de Kofing, à d’autres villages de la zone. Partout où apparaît un gîte d’or, se présente un nouveau nid pour les bandits armés. Ainsi, il n’est plus étonnant de voir toutes sortes de personnes prêtes à tout pour avoir ce qu’elles veulent.
Les autorités, sinon les gendarmes chargés de la sécurité, sont souvent loin des lieux des faits et ne peuvent malheureusement pas arriver à temps en cas de besoin. C’est pourquoi les dozos de la plupart de ces villages se sont organisés pour sécuriser les populations.
Le mieux serait de renforcer les gendarmes en termes de personnel et de matériels. Il faut de plus en plus de commissariat pour plus de sécurité des personnes et de leurs biens dans ces zone aurifères. Mais encore faudrait-il que les autorités intensifient la lutte contre la prolifération des armes légères.