Encore un drame dans une mine d’or artisanale. Cette fois-ci, le malheur s’est produit à Neguepié, dans le cercle de Kolondiéba (région de Sikasso). Le bilan est lourd : 18 morts et 6 blessés au dernier recensement. Un village à lui seul, Kah, enregistre 11 morts, tous âgés de moins de 30 ans. Pour le blogueur Issouf Koné, trop c’est trop ! Les autorités doivent interdire cette activité.
Selon un résident, Arouna Koné, l’effondrement de la mine a eu lieu aux environs de 17 heures, le lundi 14 janvier 2018. Cette mine artisanale, ajoute-t-il, existe depuis 2014. Dans la même localité, un drame similaire s’était déjà produit deux fois de suite l’année dernière, mais les bilans n’étaient pas aussi élevés : 3 morts pour le premier et un mort pour le second.
Après avoir discuté avec plusieurs personnes ayant travaillé sur des sites d’orpaillage artisanal, situés dans les localités de Kayes (surtout Kéniéba), de Sikasso, je me rends compte que mourir dans ces endroits est devenu un fait banal, commun. C’est même perçu comme une révélation pour certains. « C’est clair que personne ne veut mourir, mais nous sommes habitués. Et puis l’effondrement d’une mine est bon signe : cela prouve qu’il y a beaucoup d’or », m’a confié un jeune mineur que j’ai rencontré une fois à Sikasso.
La ruée après l’effondrement
C’est presque difficile à croire, mais lorsque les mineurs apprennent qu’une mine s’est effondrée, c’est la ruée. « L’or se paie cher. Le gramme coûte entre 15 000 francs et 20 000 francs CFA », m’explique fièrement Souleymane Diakité dit « Solo ». Pour des citoyens lambda qui vivent en majorité avec moins de 500 francs CFA par jour, défier la mort au quotidien dans les mines d’or vaut bien le coup. Certains orpailleurs peuvent facilement se faire des millions en quelques jours après un laborieux travail dans une mine. A leur retour au sein de leur famille, ils suscitent l’envie chez les autres, qui à leur tour, prennent aussi la résolution de s’y rendre.
Ces personnes préfèrent prendre un risque qui peut leur rapporter des millions en peu de temps au lieu de cultiver la terre qui rapporte également, mais plus lentement. Malick a 22 ans. Il a décidé d’aller tenter sa chance sur un site d’orpaillage artisanal depuis que son frère d’à peine 18 ans a débarqué à la maison avec une moto toute neuve qu’il a acheté avec l’argent de l’or : « Quand je l’ai vu venir avec sa moto, j’ai eu honte. J’ai pris sur le champ la décision de rejoindre les autres orpailleurs ».
D’autres construisent des maisons, achètent des voitures ou marient une nouvelle femme, quand la chance leur sourit. « Que voulez-vous qu’on fasse ? Nous avons besoin d’argent pour vivre et de l’argent, on en trouve dans les mines », renchérit Ali Keita, un orpailleur.
Une question de vie ou de mort
Malgré le décompte macabre dans les mines, le départ vers les sites d’orpaillages traditionnels continue. C’est devenu une question de richesse à tout prix, de vie ou de mort pour eux. La plupart des orpailleurs, n’étant pas nanti d’un diplôme leur permettant d’accéder à un emploi sécurisé comme les cadres de l’administration, voit dans cette activité un moyen rapide d’accéder à la richesse.
L’État doit vraiment réagir en arrêtant de négliger cette situation, et de se dire qu’elle n’engage que ceux qui se rendent sur ces lieux. Malgré sa pauvreté, le Malien vivait avant l’explosion de de l’orpaillage artisanal. Nous sommes à un stade où il est peut-être difficile d’arrêter le phénomène, mais avec une loi qui l’interdira purement et simplement, le tour sera joué. Peu importe le temps que cela prendra pour l’arrêt définitif.
Le plus déplorable est le fait que ces mines comptent beaucoup d’enfants qui y vont soit d’eux-mêmes, soit avec la bénédiction de leurs parents. Le secteur peut être bien structuré au bénéfice de tous, pourtant. Le Mali est tout de même le troisième pays africain producteur d’or, ne l’oublions pas. Je demande à l’État de réagir sans plus attendre.