La pénurie de sang au niveau des centres de santé a atteint un niveau critique au Mali. Beaucoup de femmes en couches, d’enfants, de victimes d’accidents, de drépanocytaires et d’autres malades meurent par manque de sang. Il est urgent d’approcher les populations et de les motiver à en donner davantage pour sauver des vies.
Sur l’année 2021, le Centre nationale de transfusion sanguine (CNTS) a récolté environ 83 000 poches de sang avec un taux de 21% de dons bénévole et volontaire, le reste étant des cas de compensation pour un proche. Cette offre est largement inférieure à la demande, qui est de 400 000 poches.
Plusieurs facteurs expliquent cette pénurie, selon Dr Ibourahima Maïga, auteur d’une thèse, en 2021, dans laquelle il analyse la perception de la population face au don de sang à Bamako. Son travail éclaire sur la manière d’informer les populations sur le don du sang (beaucoup de personnes ignorent la réelle importance du don du sang et le nombre de victimes que sa pénurie provoque), la peur du prélèvement, le manque de confiance entre les banques de sang et les populations soupçonnant certains agents de vendre les poches.
Multiplier les campagnes de sensibilisation
Il est impératif de remédier à cette problématique. Ce ne sont pas des donateurs qui manquent, le pays compte plus de 20 millions d’individus. Et s’il y a bien une qualité qui caractérise le Malien lambda, c’est l’aide du prochain. Le problème se situe au niveau de la sensibilisation et la conscientisation des populations sur la nécessité du don régulier du sang.
Pour Mariam Sy, donneuse régulière de sang dans un centre de traitement de la drépanocytose, le vrai problème réside dans le manque de communication : « Les gens ne réalisent pas directement l’utilité du don. En plus, les rumeurs de vente de poches et les frais d’analyse qu’il faut payer n’encouragent pas les gens motivés. » « Les banques de sang doivent expliquer aux citoyens l’importance du don et le fait qu’être détenteur d’une carte de donneur assure du sang pour l’intéressé et sa famille en cas de besoin », ajoute-t-elle.
Des propos qui reviennent souvent chez les gens que nous avons interrogés. Des campagnes de sensibilisation massives s’imposent à travers tous les canaux (télés, radios, réseaux sociaux, porte-à-porte). Le responsable de communication du CNTS Anassa Traoré rappelle qu’il n’y a pas de budget alloué pour une activité. Un autre problème auquel le gouvernement doit remédier. Le professeur Amadou Diarra, directeur du CNTS, quant à lui, met l’accent sur le rôle de la société civile : « Le CNTS est avant tout un centre technique. C’est La société civile qui doit nous aider à avoir des donneurs de sang ».
Organiser régulièrement des collectes de sang
Le CNTS et les différentes banques de sang des Centre de santé de référence (Csref), avec l’appui d’associations, doivent organiser régulièrement des campagnes de collectes au niveau des établissements scolaires, des marchés, des services publics, etc. Ainsi, ils peuvent créer une base de données des donneurs ponctuels et essayer de les convertir en donneurs réguliers en les contactant périodiquement.
Un autre débat s’esquisse sur la gratuité du sang et la rémunération des donneurs. Pour certains, vendre les poches de sang à moindre coût et ainsi rémunérer les donneurs et couvrir les différents frais liés au don peuvent résoudre le problème. Pour d’autres, cela va à l’encontre de l’éthique du don, à savoir le bénévolat et le volontariat. Néanmoins, les acteurs (autorités et populations) disposent des armes pour faire face à ce problème.
Le sang est la chose qui lie le plus l’humanité. C’est dommage de voir des gens mourir de son manque. L’appel est lancé à tous les Maliens et Maliennes de faire parler leur générosité en faisant des dons réguliers de de sang afin de sauver des vies.