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Tout ce que vous devez savoir sur le turban de Tombouctou

De passage à Tombouctou la semaine passée, dans le cadre de sa campagne, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a bénéficié d’un turban, signe de sagesse et de responsabilité, lors d’une réception dans la cour de la mosquée Sankoré, avant la prière du vendredi. L’écrivain Sane Chirfi a donné une interview exclusive à la blogueuse Fatouma Harber pour nous faire découvrir les secrets de ce turban.

Le président IBK a été reçu dans la cour de la mosquée Sankoré par les imams des trois célèbres mosquées de la ville (Djigareyber, Sankoré et Badjindé) et les huit chefs de quartiers, où les « sages » lui ont donné un turban. Sur une des photos de la cérémonie, on voit IBK assis en position de méditation, et des anciens portant leurs mains sur sa tête, en train de le combler de bénédictions.

Nous avons rencontré Sane Chirfi Alpha pour une interview sur les origines du turban, communément appelé chèche, et ce qu’il représente dans la culture tombouctienne. Enseignant et écrivain défenseur de la culture de la Cité mystérieuse, Sane Chirfi est l’auteur de l’ouvrage La vie de tous les jours à Tombouctou suivi de Dodo, paru en février 2015.

Quelle est l’origine du turban ?

Le turban est un complément vestimentaire au sahel. On l’utilise contre le vent, le soleil ou le froid parce qu’il couvre la tête et les parties vulnérables : les yeux, la bouche, les oreilles. Le turban sert de couverture, de tapis de prière, de corde pour attacher, d’arme pour étrangler, et bien d’autres usages… Il est symbole de maturité, de responsabilité, d’engagement au sein de la société.

Son origine remonte au XVème siècle, à l’université de Sankoré, l’une des plus vieilles universités dans le monde. Il servait de symbole pour couronner les études. C’est comme un second diplôme. Il peut être conféré à une personnalité comme une espèce de diplôme honoris causa.

Quels sont les types de cérémonies de port de turban que l’on rencontre à Tombouctou ?

Le turban-diplôme donne lieu à une cérémonie festive. Il est attaché à Sankoré et le récipiendaire est conduit à Badjindé où les oulémas détachent le turban. Des questions lui sont alors posées pour s’assurer qu’il est habilité à le recevoir, et c’est quand les réponses sont satisfaisantes que le turban est remis en place par les sages en signe d’agrément.

Le turban est aussi conféré au jeune en âge de se marier comme signe distinctif de responsabilité et d’acceptation dans le cercle des sages. Signe de protection, il montre que le jeune homme est capable de protéger sa femme.

Le turban est encore conféré au cadi (juge islamique), à l’Imam (celui qui conduit la prière) et au chef coutumier.

Qui confère le turban ?

Le turban est conféré par un sage qu’on appelle le cheikh des cheikhs. Il peut déléguer ce rôle à d’autres.

Ce turban a été conféré au président IBK alors qu’il était en campagne électorale. Est-ce un signe de soutien ?

Le turban qui a été conféré à IBK intrigue parce que le turban comme diplôme honoris causa ne se donne pas à l’avance. On aurait pu comprendre s’il était conféré au président IBK mais le conférer au  candidat IBK est une prise de position et un acte politique qui est peu digne d’autorités politiques.

À mon sens il ne peut lui apporter que controverse d’abord parce que rien ne le justifie. Il a ignoré Tombouctou durant tout son mandat, il n’y a posé aucun acte. Il faut dire qu’IBK en veut à Tombouctou où en 2013 il a été battu à plate couture par Soumaïla. D’aucuns disent qu’il a payé le turban, ce qui n’est pas à l’honneur de nos religieux.

Une distinction honorifique à un candidat sur 24 est une injustice et n’a aucune justification. Par ailleurs le turban diplôme n’est pas le seul à Tombouctou, pourquoi pas le turban touareg ou arma ?

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