A la suite d’affrontements survenus le 12 octobre 2020 entre membres de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), la question de la dissolution de ce syndicat estudiantin a refait surface. Pour le blogueur Oumar Togo, ce n’est pas la solution.
Les affrontements sont récurrents au sein de l’association estudiantine, occasionnant des blessés et des morts. Le plus souvent avec des armes blanches ou des armes à feu de fabrication artisanale.
Cependant, faut-il aller jusqu’à demander la dissolution de cette association si importante pour la défense des droits des élèves et étudiants ? Tous les membres de l’AEEM ne sont pas violents. Il y a certes des brebis galeuses en son sein. Mais, il ne faudrait pas jeter le bébé qu’est l’AEEM avec l’eau du bain.
Comités exemplaires
Deux facultés dont on ne parle presque pas sont les plus organisées et structurées. Notamment la FMOS (Faculté de médecine et d’odontostomatologie) et la FAPH (Faculté de pharmacie). De toutes mes années passées à l’université, je n’ai jamais entendu parler de violences entre membres de l’AEEM dans ces facultés. Et Ibrahim Ascofaré, secrétaire à l’information du comité AEEM de la FMOS estime que la force et les armes n’élisent pas le Secrétaire général de la FMOS/FAPH. « Il est élu dans les urnes ! Ces élections sont libres et transparentes. Tous les étudiants des deux facultés ont le droit de voter.»
Il y a aussi le comité AEEM de l’École nationale d’ingénieurs (ENI) Abderhamane Baba Touré, qui s’est toujours battu et continue à le faire pour le bien-être des étudiants. Sans une once de violence : « Ici, notre master coûtait des millions. Grâce à une lutte acharnée que nous avons menée, il est à 55.000 FCFA. Et il y a toujours eu ce problème avec les bourses qui tardent à venir malgré la situation économique des étudiants. A chaque fois, il faut que nous intervenions pour que les étudiants aient gain de cause », explique Zeina Narabène, secrétaire administrative.
Repenser l’AEEM
Un certain nombre de critères doivent être mis en place par le syndicat pour qu’un étudiant ou un élève soit admis au sein de l’association. Parmi ces critères : les bonnes notes depuis le second cycle, l’assiduité, le respect du corps professoral et de ses pairs, etc. Tout ceci doit sortir du dossier de l’élève qui obtient son Diplôme d’études fondamentales (DEF).
Un dossier qui devra le suivre jusqu’à l’université. Alors, chaque fois qu’il voudra intégrer un comité, il sera consulté. Ainsi, une jeunesse responsable et engagée va défendre avec respect les causes de l’école malienne.
Dépolitiser l’AEEM
Certains politiques se servent de l’AEEM. Ce tweet du journaliste Bokar Sangaré, rapportant des propos du leader des étudiants ayant porté le mouvement sur les fonts baptismaux il y a environ 30 ans, illustre bien cette réalité.
» L’AEEM n’est qu’un bouc émissaire. Le problème ce sont les milices créées au sein de l’école, comme on a créé des milices dans la région de Mopti. Et vous savez très bien que ces gens au sein de l’AEEM sont soutenus. » Oumar Mariko@CitoyenSecurite #ConversationsCitoyennes
— Bokar Sangaré (@sankis68) October 31, 2020
A mon avis, l’État doit mettre fin au financement des différentes activités de l’AEEM. Elle doit être financée comme toute association par ses membres et ses sympathisants. En plus de tout ceci, la justice doit être plus rigoureuse avec tout élève ou étudiant qui serait aperçu avec une arme.
Tout regroupement a besoin d’un porte-parole, ce qui fait que les élèves et étudiants du Mali ont besoin de l’AEEM pour porter leur voix. Sans elle, qui le fera ?