L’expansion de la crise sécuritaire au centre du Mali affecte beaucoup la vie socio-économique des habitants de la nouvelle région de San. Pour maintenir la paix et la cohésion sociale entre les différentes communautés, les autorités locales devraient miser sur la culture. Voici les 3 leviers qu’il faut actionner.
1- Les autorités traditionnelles
Les autorités coutumières, religieuses et traditionnelles jouent un rôle majeur dans l’équilibre social. En cas de conflit, elles sont le premier recours des populations. Lorsqu’un différend survient entre deux personnes ou des communautés, on se rend d’abord chez le chef du quartier (« kintigui »), afin de trouver un règlement.
Sinaly Sadia Traoré est un chef coutumier résidant à Karentéla. « Depuis le temps de nos ancêtres, les autorités coutumières jouent un rôle primordial dans la résolution des conflits. Elles occupent la place de la justice. Elles ont réglé des différends », explique le chef coutumier qui tente de perpétuer cette « tradition », malgré le contexte difficile.
M. Traoré a participé activement aux Assises nationales de la refondation (ANR), qui se sont déroulées fin décembre 2022. Pour lui, l’État doit compter sur les valeurs « traditionnelles » pour restaurer la paix dans le pays.
2- Les griots
De par leur statut social, les griots occupent une place importante dans la société malienne. Ils sont garants de l’unité entre les peuples et de la stabilité sociale. En dépit des mutations sociales, à San, les griots sont toujours fidèles à cette « tradition ». Comme le souligne Lassina Kouyaté, président du Réseau des communicateurs traditionnels de San.
Les griots jouent toujours un rôle d’unificateur des membres de la société, des communautés, explique Kouyaté. « En général, quand un griot entame une médiation, c’est difficile qu’il échoue », ajoute le président local du Recotrade.
3- Le Sanké mô
A San, tout comme dans d’autres villes du Mali, les manifestations socio-culturelles tels que les baptêmes, les mariages, les fêtes traditionnelles sont gage d’unité et de paix. Car ces évènements sociaux favorisent les contacts. Elles permettent aux populations de se côtoyer et de communier.
Ce sont également des occasions qui permettent aux jeunes des quartiers ou de la ville de se connaître et de tisser des liens. Dans ces moments de gaieté, les gens oublient la crise et se projettent dans l’avenir. C’est aussi un cadre propice aux messages de paix et de cohésion à travers diverses expressions.
La plus emblématique de ces fêtes est le Sanké mô. Ce rituel de pêche mobilise toutes les communautés de la région.
Enfin, la culture rassemble et peut contribuer à combattre la haine entre les communautés et même entre États.