Les chercheurs maliens qui travaillent sur la protection du fleuve Niger parviennent à des résultats probants. Leurs alertes ont conduit aux annulations de nombreux permis d’extraction d’or dans des zones où les berges du fleuve Niger sont mises à mal par l’orpaillage.
De nombreuses études menées par l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN), à travers ses chercheurs composés d’hydrologues et de géographes environnementalistes. Bien que d’autres structures comme la Direction nationale de l’hydraulique travaillent aussi sur ce fleuve, l’ABFN reste la structure dédiée.
Comme la protection de l’environnement est devenue un enjeu mondial, le fleuve Niger a cristallisé les inquiétudes des autorités maliennes, qui ont entrepris des initiatives concrètes pour interdire certaines pratiques nuisibles. Parmi celles-ci, l’orpaillage traditionnel qui favorise la dégradation des berges du fleuve. Les orpailleurs, en détruisant les berges, changent sa configuration naturelle : les trous qu’ils creusent affectent l’écoulement normal des eaux vers les affluents les plus éloignés comme dans la zone lacustre située dans la région de Tombouctou.
Destruction des berges
Les berges situées dans le Sankarani, proche de la frontière guinéenne jusqu’à Akka dans le cercle de Niafounké, sont dégradées à cause de cette activité. L’ABFN constate que plus de 100 km de berges du fleuve sont détruites, de la frontière guinéenne jusqu’au lac Debo.
Ce constat est inquiétant pour tous les chercheurs travaillant sur le fleuve Niger. « En 2019, nous avons mené une mission d’indentification pouvant recueillir des données sur les berges du fleuve Niger. Nous sommes partis de la frontière guinéenne jusqu’au lac Debo au Mali. Le constat qui se dégage est que les berges sont détruites d’une part par l’orpaillage traditionnel creusant des trous à grand diamètre, et d’autre part par l’extraction de sable, s’indigne Baba N’Diaye, géographe environnementaliste à l’Agence du bassin du fleuve Niger, qui travaille aussi au Conseil national du patronat malien (CNPM). Plus de 100 km lunaires de berges sont détruites par les riverains du fleuve »,.
Progrès dans la protection du fleuve
À l’issue de la publication des résultats de la mission d’indentification de l’ABFN, l’opinion publique a été alertée par le danger qui guète la survie du fleuve Niger et, par extension, la protection de l’environnement même au Mali.
À cet égard, pour prévenir la destruction supplémentaire des berges du fleuve situées dans les localités à forte tradition d’orpaillage traditionnel notamment Kangaba, le gouvernement a annulé en 2020 de nombreux permis d’extraction d’or.
Cette avancée majeure dans la politique de protection de l’environnement a encouragé Baba N’Diaye dans ses recherches destinées à fournir des échantillons scientifiques dans la sauvegarde du fleuve Niger. Même si ce géographe environnementaliste reconnait qu’il n’est pas le seul à avoir été à l’origine de la prise de conscience dans la protection du fleuve par les plus hautes autorités du Mali. « Récemment en 2020, le gouvernement a annulé certains permis d’extraction d’or dans la zone de Kangaba et Siby. Cette réaction constitue une avancée notoire pour l’utilité de nos recherches au Mali. Je travaille avec d’autres chercheurs de la Direction nationale de l’hydraulique, et c’est ensemble que nous sommes parvenus à ce résultat », explique Baba N’Diaye.
Booster la recherche environnementale
Malgré l’importance des études faites par l’ABFN, nous constatons que les chercheurs de cette structure n’ont pas diffusément d’appuis financiers pouvant les aider à intensifier leurs recherches dans la protection de l’environnement. Ces derniers sont obligés de postuler pour bénéficier du fonds compétitif destiné à encourager la recherche scientifique au même titre que les autres chercheurs travaillant sur d’autres thématiques au Mali.
Devant l’intérêt croissant du fleuve Niger dans l’écosystème environnemental malien, les autorités doivent mettre en place un fonds spécifique pour booster la recherche et limiter les nombreuses perturbations que ce patrimoine naturel subit du fait de l’action humaine. Mais déjà, il faut plus d’annulation de permis d’extraction d’or pour plus de protection des berges du fleuve.